La voix humaine écrite par Jean Cocteau, paraît en 1930, un an après la parution des fameux Enfants terribles. C'est un long monologue de femme délaissée, créé pour Berthe Bovy à la Comédie-Française, qui accentuera d'ailleurs sa renommée. C'est également une tragédie lyrique de Francis Poulenc, ami du poète, composée en 1958 pour la soprano Denise Duval, qui met le chant en valeur puisqu'il constitue l'essentiel de la partition.
Christian Schiaretti a entrepris de monter les deux versions, l'une avec Sylvia Bergé, sociétaire de la Comédie-Française dans la version théâtrale initiale, et l'autre avec Véronique Gens, soprano. Parce que « c'est bien l'intérêt de le travailler dans le même temps dans sa version proprement chantée.
Car si le théâtre permet par sa liberté de nuances et surtout de maîtrise du temps l'interprétation, l'opéra, lui impose, sa loi.
Et le compositeur est le premier metteur en scène » écrit Schiaretti dans sa note d'intention. Ainsi la première serait le pur jeu d'une actrice exceptionnelle pour porter ce texte dans lequel plusieurs personnages gravitent mais dont on entend seulement la voix d'un seul, celui de la femme, dont on ne connaîtra jamais le nom, ni le prénom, seulement les initiales.
Il y a l'amant pragmatique, il y a la femme inconnue qui cherche à joindre désespérément son médecin et enfin il y a l'opératrice, que nécessitait, à l'époque de l'écriture de la pièce, cet instrument balbutiant qu'était le téléphone en regard d'aujourd'hui.
Tandis que la seconde serait un « lamento tragique », accentuée par la voix chantée, où une femme gémit et où le silence, avant John Cage, devient musique. Les réunir est comme nous offrir un miroir, et deux points de vue s'éclairant !
TNP, 16 au 19 octobre, tnp-villeurbanne.com