Stupeur donc de voir que sa production 2017 s'intéresse au Déluge, mythe fondateur de l'humanité (qu'on retrouve du reste dans plusieurs récits mythiques) et que son esthétique se rapproche d'une danse expressionniste très ancrée dans le sol, même si les fondamentaux sont présents. « On peut imaginer faire de Noé un être humain collectif montant dans l'arche de lui-même, pour liquider une existence passée et repartir de zéro en allant puiser de nouvelles énergies dans les abysses de son être. C'est pourquoi, excepté la colombe, signe d'espérance d'une nouvelle vie, nous n'embarquerons pas l'intégrale des animaux, juste une humanité en mouvement, figure symbolique et dansante de Noé aux rayons d'un soleil nouveau.» Fort de ce parti-pris, le chorégraphe installé à Biarritz depuis maintenant vingt ans emmène ses 22 interprètes dans une sarabande grave mais joyeuse sur la partition de la messa di gloria de Gioachino Rossini. Dans un décor bleuté qui rappelle immanquablement l'eau vitale et destructrice, la troupe alterne les ensembles et les duos, donnant au corps de ballet toute son amplitude, tel un grand corps collectif tandis que les pas de deux évoquent tantôt le couple originel tantôt la colombe et le corbeau, et qu'un trio illustre le premier meurtre de l'humanité. Entre générosité et abandon, ce Noé a de quoi convaincre tout le public, balletomane averti ou néophyte curieux !
Maison de la danse, 18 au 22 décembre, www.maisondeladanse.com