Il y a un tout juste un an, la start-up lyonnaise Troops se retrouvait - à son corps défendant - confrontée de plein fouet au déclenchement de la guerre en Ukraine.
Spécialiste des RH et éditeur d’un logiciel de gestion pour l’intérim, la jeune entreprise lyonnaise venait de recruter massivement sur place. Près d’un tiers des effectifs était à l’époque basé dans un pays qui concentre de nombreux talents dans l’univers de la tech.
A Lyon, une semaine d'événements en soutien à l'Ukraine du 21 au 25 février
Emilie Legoff, PDG de Troops : "On a ressenti un risque vital pour nos salariés"
Quand les bombes russes ont commencé à pleuvoir sur les grandes villes ukrainiennes et que l’armée russe s’est dangereusement rapprochée de Kiev, Troops a en urgence participé à la mise en sécurité de ses salariés.
"Nous n’avions pas directement d’activité mais du personnel sur place, pour lequel il a fallu s’organiser en urgence. On a d’emblée ressenti un risque vital pour nos salariés", se remémore Emilie Legoff, PDG de la jeune pousse lyonnaise. Au fil des mois, Troops a aidé de nombreux collaborateurs à quitter un pays déchiré par le conflit.
En pointe sur une action mêlant l’humain et l’économie, la dirigeante lyonnaise avait aussi pris la tête d’Ensemble Ukraine. Un collectif d’une soixantaine d’entrepreneurs mobilisés pour aider la population ukrainienne en mobilisant les compétences de la tech.
"Ceux qui sont sortis d'Ukraine ne veulent pas y retourner"
Un an plus tard, que sont devenus les salariés ukrainiens de Troops ? "Aucun ne veut pour l’instant retourner sur place, y compris parmi les femmes qui ont pourtant le droit d’entrer et sortir du pays. Les conditions ne sont pas stabilisées et rendent difficiles la vie et le travail au quotidien. De nombreuses infrastructures civiles sont attaquées, occasionnant de fréquentes coupures d’électricité, de chauffage, d’eau…", souligne Emilie Legoff.
Une trentaine de salariés ukrainiens de Troops sont aujourd’hui éparpillés en Europe, "en Slovaquie, Slovénie, Allemagne, Italie, Portugal et France évidemment".
Le fonctionnement en 100 % télétravail de l’ensemble de l’entreprise - une vraie singularité - a facilité la donne selon Emilie Legoff, qui a toutefois loué des bureaux à la frontière entre l’Ukraine et la Slovaquie.
Troops a loué des bureaux à la frontière entre l'Ukraine et la Slovaquie
"C’est une solution qu’on a déployé en urgence, dans les premiers jours de la crise, afin de permettre aux salariés qui n’avaient pas pu sortir du pays de s’y replier, d’y vivre et d’y travailler", explique-t-elle. Un an plus tard, ils sont encore nombreux dans cette situation, à commencer par les hommes. Mobilisables, ils n’ont en théorie pas le droit de quitter le territoire national.
Alors que la triste date anniversaire de l'invastion russe ravive les douleurs, le provisoire commence à durer. Et pour les salariés ukrainiens de Troops, exilés temporaires ou coincés dans leur propre pays, l’avenir continue à s’écrire en pointillés.