L’un était poète, l’autre était peintre. Connus seulement des initiés, l’un comme l’autre, ils ont tissé chacun, une œuvre singulière. Les fantômes de Bernard Noël, poète disparu l’an dernier, et Roman Opalka, peintre mort juste 10 ans avant, se retrouvent sur la petite scène de la Célestine pour célébrer la nouvelle année dans une création du collectif jesuisnoirdemonde.
Le Théâtre des Célestins renforce sa démarche de mécénat
Un texte de Noël pour illustrer Opalka
C’est le metteur en scène et comédien Frédéric Leidgens qui a choisi de porter au théâtre un texte de Bernard Noël, Le Roman d’un être, en compagnie de Sophie Robin. Écrit en 2012, un an après la mort du peintre à l’œuvre à nulle autre pareille, il se compose d’entretiens avec l'artiste d'origine polonaise, réalisés d’avril 1985 à février 1996, retranscrits dans la sublime langue de Bernard Noël.
Lecture à deux voix, Un s’annonce très minimaliste, à l’image de l’œuvre de Roman Opalka et de l’ouvrage de Noël. Des châssis de la taille de ceux qu’utilisait le peintre pour réaliser l’œuvre de sa vie, qui consistait à peindre la suite des nombres, en commençant par le 1, une démarche lui permettant de conceptualiser l’infini puisqu’il a poursuivi ce qu’il nommait son "Programme" jusqu’à sa mort, le 6 août 2011, encombrent la scène où se tiennent les deux interprètes.
Des autoportraits que l’artiste réalisait à la fin de chaque toile, ceux qui correspondent à la période des entretiens, apparaissent progressivement, comme pour matérialiser "cette correspondance à l’irréversibilité du temps telle qu’Opalka l’a non seulement définie mais aussi vécue dans sa chair", selon les mots du comédien. Un moyen aussi d’expliquer le travail de cet artiste singulier qui restera à la postérité pour son œuvre totalement radicale et unique, l’ouvrage d’une vie qui force l’admiration.