Benjamin Forel cultive les projets un peu trash et déjantés. Ici, il a décidé de s'emparer du Goncourt 2008, Syngué Sabour de Atiq Rahimi, qui a donné lieu à un film réalisé par l'écrivain en 2012 pour nourrir son « physical theatre » avec deux interprètes, une femme grande, longiligne, plutôt comédienne et performeuse et un homme petit, souple et danseur accompli.
Dans cette histoire d'une femme qui se confie à son mari, dans le coma, et lui livre des secrets, il y a la souffrance, le désir, la douleur, le mépris aussi. Il ne s'agit pourtant pas de raconter l'histoire de Pierre de patience.
Le texte de l'écrivain afghan devient « une matière de jeu. Murmuré, crié, projeté sur les murs ou sur les corps des interprètes, il sera un support au cheminement de la liberté d'expression des corps, donc de la parole. » Comme « autant de didascalies qui invitent à imaginer la dramaturgie des corps » explique le metteur en scène qui a déjà adapté le sulfureux Hanokh Levin, Shakespeare et s'est peu à peu détaché des mots pour se rapprocher du corps.
Ses deux précédentes pièces se passaient de mots. Ici, il renoue avec le verbe tout en continuant d'investir les corps, les raconter comme « espace expressif à l'origine de tous les autres ».
Cherchant à décortiquer les matières d'un texte qu'il porte en lui depuis qu'il l'a découvert, à sa parution et creusant un sillon entre souffle et geste, avec le soutien d'une scénographie composée de vidéos et d'un sac rempli de lentilles qui se vide au cours de la pièce. À découvrir sans attendre !
Le Bac à sable, 10 au 13 septembre, www.ineffable-theatre.fr