Stéphanie Pernod-Beaudon, vice-présidente déléguée à l'économie, à la relocalisation et à la préférence régionale et numérique, fait le bilan de l'action économique de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Et détaille les prochains objectifs de la collectivité.
Un point d'étape sur votre plan de mandat économique ?
On a voulu faire de l'économie la compétence première depuis notre premier mandat. C'est pour ça que
Laurent Wauquiez a souhaité signer rapidement un plan qui montre clairement nos intentions : soutenir notre industrie régionale, trouver des dispositifs publics qui permettent de faire grandir nos entreprises familiales et travailler sur l'innovation et la création de nouveaux marchés, notamment à
l'international.
Nous avons voté un plan de relocalisation en décembre 2021 avec trois objectifs définis :
30 000 emplois industriels nouveaux, un accompagnement sur l'investissement productif de nos entreprises et la possibilité donnée à nos ETI de pouvoir grandir à l'échelon européen. Ce plan est financé à hauteur de 1,2 milliard d'euros sur les cinq années de mandat.
En un an, 200 entreprises ont été soutenues et 5 300 emplois industriels ont été créés. Nous sommes donc sereins sur la bonne poursuite de ce plan même si l'environnement économique, notamment par rapport à notre dépendance énergétique, n'est pas très favorable actuellement.

Quels droits et devoirs la Région Auvergne-Rhône-Alpes a-t-elle auprès des entreprises ?
Nous avons créé depuis très longtemps en région Aura, une habitude de travail du "chasser en meute" avec l'ensemble des acteurs économiques privés et publics. Autrement dit, quels que soient les intérêts
individuels, quand un sujet régional émerge, chacun va dans la même direction. Cela crée un véritable climat de confiance, notamment quand la période est difficile. C'est dans cette dynamique que nous avons mis en place le pack énergie et solarisation (soit 25 millions d'euros pour aider les entreprises à faire face à la crise énergétique, Ndlr).
Vous avez justement pris des mesures d’urgence pour les artisans-boulangers avec le déblocage d'un fonds de 6 millions d'euros. Où en est la mobilisation avec les autres collectivités ?
Nous avons invité les métropoles à entrer dans notre dispositif pour qu'elles puissent financer les boulangers installés dans leur périmètre. Aucune d'entre elle n'a répondu. C'est leur choix. Nous avons donc élargi le dispositif, c’est-à-dire que tous les artisans boulangers-pâtissiers de la région qui ont moins de 15 salariés et qui ne bénéficient pas du bouclier tarifaire peuvent prétendre à une prise en charge de leur facture d'électricité avec un plafonnement de 3 000 euros et une aide à l'investissement de 10 000 euros pour l'achat d'un nouvel appareil de production moins énergivore. C'est un dispositif très rapide dans sa mise en oeuvre et qui se déclenche en moins de 15 jours.
Ses dates clés
- 2021 : élue vice-présidente déléguée à l'économie, à la relocalisation et à la préférence régionale et numérique.
- 2020 : première adjointe au maire du Plateau d'Hauteville.
- 2016 : députée de la 3e circonscription de l'Ain.
- 2001 : conseillère municipale d'Hauteville- Lompnes.
Stéphanie Pernod-Beaudon défend "un G6 de la relocalisation"
Selon vous, la compétence économique de la Région est-elle assez lisible et visible ?
On communique finalement assez peu sur toutes les intentions que la Région peut apporter pour les entreprises. D'où la mise en place du G6 de la relocalisation, qui nous permet de nous déplacer dans chaque entreprise que l'on accompagne. Nous allons même prochainement leur apporter à chacune un objet totem de ralliement à ce réseau du G6. Cela peut paraître anecdotique mais pour les entreprises cela représente une vraie valeur d'appartenance à ce dispositif.
Environ 50 projets ont été déjà été soutenus financièrement par la Région, à hauteur de 9,3 millions d'euros, dont 22 projets dans la Loire représentant 450 créations d’emploi, 26 projets en Isère représentant 670 emplois et 36 projets dans le Rhône représentant 1 220 emplois. Avec le G6 de la relocalisation, et sous l’impulsion de Laurent Wauquiez, nous envoyons un message clair à tous ceux qui renoncent : en Auvergne-Rhône-Alpes, personne ne commettra la même erreur que celle commise au plus haut niveau de l’Etat en France il y a plusieurs décennies, à savoir abandonner l’industrie et laisser partir nos emplois et nos savoir-faire à l’étranger.
De la même manière, nous défendrons toujours l’industrie et ses salariés face à l’idéologie décliniste d’extrême gauche et des écologistes. Produire en Auvergne-Rhône-Alpes, c’est du bon sens et c’est bon pour l’environnement.
Les tensions étaient vives entre la Région et la SNFC à l'occasion du vote du budget primitif en 2023. Quels sont les arbitrages que vous allez devoir opérer en 2023 ?
Nous avons un contrat d'exploitation avec la SNCF qui doit être renouvelé, tandis que l'opérateur propose un service dégradé voir très dégradé sur certaines lignes et qui nous imposerait une augmentation de 146 millions d'euros, uniquement sur les sujets d'énergie, sans aucun changement en termes de fiabilité et capacité d'exploitation. Il est juste impossible que l'on accepte cela. Aujourd'hui, et Laurent Wauquiez a été très clair sur le sujet, il n'y aura pas de convention signée avec la SNCF dans ces conditions.
"Notre rôle est d'assurer l'équilibre des territoires"
La région Auvergne-Rhône- Alpes compte de grandes métropoles, mais le développement économique doit également se faire dans les milieux ruraux et péri-urbains. L'équilibre est-il tenable ?
Que font les métropoles en matière de mobilité ? Des pistes de vélo à la place des voies automobiles. Est-ce que ça change vraiment la vie des gens ? Est-ce que ça règle le problème des mobilités dans la Métropole de Lyon ? Par exemple, le vote de la zone à faibles émissions au niveau de la Métropole de Lyon signifie que celui qui n'a pas les moyens de s'acheter une voiture électrique ou Crit'Air 1 ne pourra plus entrer à terme dans la métropole. C'est une vision dogmatique et pas du tout pragmatique.

La ZFE ne pourrait-elle justement pas être une passerelle entre les enjeux régionaux de mobilités et ceux métropolitains ?
L'alternative de mobilité à la voiture, via la ZFE, est essentielle mais ne peut être imposée dans des délais aussi courts, quand le transport public n'est pas fiable, comme le train par exemple, quand les espaces de covoiturage n'existent pas… Rien n'est prêt. Dans la réalité de l'état de nos infrastructures, c'est illusoire de croire que la ZFE ne créera pas de disparités entre les citoyens. Notre rôle est d'assurer l'équilibre des territoires. C'est très mauvais pour une région que les métropoles regroupent toutes les richesses.
Quel bilan faites-vous d'Auvergne Rhône-Alpes Entreprises ?
Son intérêt est triple. Ses services sont basés dans les départements, c'est donc un outil de proximité, capable d'accompagner de manière très individualisé les entreprises et les partenaires. C'est aussi un outil de promotion de nos entreprises à l'international.
Par ailleurs, le fonds créé en partenariat avec des banques et opéré par Siparex, avec l'objectif de faire grandir nos entreprises industrielles, est presque aujourd'hui valorisé à 100 millions d'euros et qui a vocation à grandir. Nous allons prochainement faire un compte-rendu précis des actions du fonds souverain.
Entre nous
- Son rituel : Je me fais un devoir d'emmener mes enfants à l'école tous les matins.
- Ses lectures : La phénoménologie de l'esprit de Hegel.
- Ses inspirations : J'ai quelques mentors mais je citerais Simone Veil. Elle a compris le vrai sens de la laïcité et celui donné à la République et à l'amour de la France.
- Son lieu ressource : La maison de mes grands-parents dans l'Ain, remplie forcément de souvenirs d'enfance.