Quel est le bilan de votre activité en 2020 ?
"Le PGE nous a déjà beaucoup mobilisés. Il a fallu imaginer ce produit et le mettre en œuvre très rapidement dès avril. En trois mois, nous avons décaissé l'équivalent de ce que l'on décaissait en une année en termes de crédits d'investissement sur le marché des entreprises. Soit 990 M€ pour 5 600 clients (4 000 clients professionnels et 1 600 clients entreprises). Notre produit net bancaire (PNB) s'est élevé à 511 M€, dont 356 M€ pour les particuliers professionels et à 155 M€ pour notre clientèle commerciale.
L'année 2020 a été moyenne pour le groupe Société Générale (le groupe a essuyé une perte nette de 258 M€ en 2020, contre un bénéfice de 3,2 Md€ en 2019, Ndlr). C'est une année où nous avons aussi pu provisionner dans la perspective de défauts et de faillites futurs. Les indicateurs sont en revanche meilleurs pour le premier trimestre 2021 et montrent une grande résilience de notre activité sur la banque de détail. Le coût du risque a été sensiblement diminué. Nos résultats sur ces trois premiers sont positifs de +200 M€, avec des progressions d'encours de dépôts et de crédits extrêmement fortes.
Nous sommes donc beaucoup plus optimistes pour la fin d'année 2021. Je pense que nous allons assister à un véritable rebond de l'activité économique ces prochains mois. Nos clients entreprises ont tous des projets et évoquent des croissances externes et des investissements. C'est de bon augure pour l'activité ces prochains mois même si certains secteurs comme l'événementiel, la restauration ou l'hôtellerie ont été fortement impactés par la crise."
© Société Générale : "Je pense que nous allons assister à un véritable rebond de l'activité économique ces prochains mois."
Stratégie : "Une triple priorité"
Quelle est la stratégie globale de la Société Générale en région Auvergne-Rhône-Alpes dans un environnement bancaire très concurrentiel ?
"Nos priorités stratégiques sont triples. Nous souhaitons d'abord accompagner la relance des entreprises et continuer à les soutenir dans leur gestion de trésorerie avec notamment la commercialisation du prêt participatif relance, lancé par l'État. Nous souhaitons aussi les aider à prendre le virage du e-commerce. Son essor est durable et il faut que nous clients aient une offre BtoC dédiée.
Et puis, nous voulons accompagner nos clients entreprises dans leurs réflexions stratégiques, car beaucoup doivent gérer, comme je le mentionnais, des projets de croissance externe. Au sein de la Société Générale, nous déployons ainsi plusieurs outils comme une équipe dédiée à la prise de participation avec un encours de 80 M€, sous forme de capital ou d'obligations convertibles.
Nous possédons aussi une équipe spécialisée dans le financement structuré qui permet le montage de grosses opérations, ainsi qu'un service M&A consacré aux fusions-acquisitions. Notre salle des marchés permet également à nos clients de se couvrir, tant sur les taux que sur les devises lorsqu'ils doivent réaliser des opérations à l'étranger. Notre département banque privée permet enfin d'accompagner les dirigeants dans la gestion de leur patrimoine professionnel.
En tant qu'acteur socio-économique local, nous avons aussi des responsabilités vis-à-vis des jeunes et de l'emploi. Nous recrutons d'ailleurs massivement avec 150 emplois en CDI et une centaine de CDD sur 2021."
Ses dates clés
1988 Intègre le groupe Crédit du Nord
1998 Directeur de la Banque Tarneaud
2005 Rejoint la direction centrale des risques du Crédit du Nord
2021 Nommé directeur régional de la Société Générale Auvergne- Rhône-Alpes
Embauches et départs
Justement, comment s'intègre votre centre de relation clients (CRC) dans cette stratégie autour de l'emploi ?
"Le CRC de Lyon, qui est dirigé par Pierre Beaurepaire, fête cette année ses 20 ans. C'est le premier en France à avoir été ouvert par la Société Générale en 2001. Il se situe dans nos nouveaux locaux, aux Jardins du Lou. Notre banque a choisi depuis 20 ans d'implanter ses centres de service clients en France.
Il s'agit d'une plateforme virtuelle qui gère 8 millions de clients particuliers de la Société Générale. Il fait partie intégrante de notre dispositif relationnel entre l'agence physique et la digitalisation de nos métiers. Nous nous sommes progressivement intégrés dans un dispositif omnicanal. Nous sommes joignables facilement et le client sera orienté vers des conseillers spécialisés selon sa demande. Nous avons reçu 1,5 million d'appels sur le centre de Lyon en 2020, traités par 160 conseillers.
Nous avons mis en place des horaires élargis pour que les clients puissent nous joindre facilement jusqu'à 22h, 6j/7. Notre centre de relation est devenu une véritable filière d'expertise et d'expérience, sur un bassin d'emplois local, plutôt que de choisir des implantations à l'étranger. Le centre de relation clients de Lyon recrute environ 80 personnes par an.
"Face aux nouvelles banques en ligne et fintechs, notre enjeu porte sur la satisfaction client"
Nous les formons pour qu'ils deviennent des banquiers. Notre recrutement est prédictif, c'est à dire que l'on recrute des appétences et des affinités, je pense à la relation client ou à l'aspect commercial. Nos profils de collaborateurs sont issus de secteurs très différents.
Nous investissons ainsi dans la formation pour faire monter nos collaborateurs en compétences. Face aux nouvelles banques en ligne et fintechs, notre enjeu porte sur la satisfaction client. Les métiers du CRC ont évolué depuis 20 ans. À l'époque, nous renseignions le client à distance via le téléphone.
Aujourd'hui, nous formons de véritables banquiers au sein de nos centres qui peuvent, à l'issue de leurs parcours, agrémenter nos équipes. 80 % des conseillers de clientèle sur le marché du particulier dans le bassin lyonnais sont issus du CRC."
© Julien Thibert : "Notre banque a choisi depuis 20 ans d'implanter ses centres de service clients en France."
Fusion avec le Crédit du Nord : "Regrouper nos forces et éviter de nous disperser"
Quelles seront les conséquences de la fusion avec le Crédit du Nord ?
"Le contexte économique est devenu très adverse pour les banques. Pendant longtemps, notre modèle économique s'effectuait par l'intermédiation. C'est-à-dire que nous avions des dépôts à vue que l'on transformait en crédit et sur laquelle nous prenions une marge, qui représente encore aujourd'hui 50 % de notre chiffre d'affaires.
Avec des taux bas, voire négatifs, cette marge a fondu. Et puis deux autres phénomènes ont pesé sur notre rentabilité : l'augmentation de la réglementation, qui nous oblige à investir dans l'outil informatique et le controle de la conformité de nos opérations ainsi que l'essor des néo banques qui nous ont conduit à investir massivement dans l'outil digital.
Le projet de fusion est une réponse non seulement de défense, pour diminuer nos coûts en les mutualisant, mais cela nous permet aussi de regrouper nos forces et éviter de nous disperser. Cette opération renforcera nos parts de marché et permettra de rationaliser aussi notre réseau d'agences. 60 % des agences Crédit du Nord sont situées à moins d'un kilomètre d'une agence Société Générale. Nous pourrons ainsi les regrouper sans déserter les territoires."
En coulisses
Didier Pariset nous a indiqué que la fusion avec le Crédit du Nord pourrait conduire à un changement de dénomination du futur groupe bancaire, avec une communication différenciée entre les activités nationales et régionales.
Y'aura-t-il des suppressions de postes ?
"Des économies seront faites effectivement au niveau des équipes et des sièges des deux banques. Mais nous assumons notre rôle d'employeur responsable car nous avons d'ores et déjà acté qu'il n'y aurait pas de départs contraints, ni de licenciements secs.
Cette réduction d'effectif pourrait se gérer avec le turnover classique qui existe au sein de notre réseau. On parle de 1 500 départs par an (retraite ou reconversion). Nous continuerons par ailleurs de recruter."
Entre nous...
Son style de management... Je suis démocrate avant la prise de décision, mais autoritaire une fois actée.
Ses lectures... Par manque de temps, aucune. Mais je potasse le dictionnaire des acronymes de la Société Générale !
Son lieu ressource... Lyon, définitivement. C'est une ville que j'ai vu évoluer de manière positive et dans laquelle je me sens bien.
Ses inspirations... Elles sont multiples mais la dimension sociale des entreprises de la région lyonnaise m'inspire beaucoup.