La santé est l'un des 13 domaines d'excellence (DomEx) définis par Pôle emploi. Cela signifie qu'il s'agit d'un secteur où les besoins en recrutements sont forts, un secteur en tension. Des besoins "accentués par la crise sanitaire", constate Cynthia Smaglo, chef de projet régional DomEx santé.
Infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie, aides à domicile et même médecins… Que ce soit dans les structures (hôpitaux, Ehpad, cliniques, etc.) ou à domicile, la santé et le social manquent de bras, notamment dans les zones rurales. Aussi, "dès mars 2020, nous sommes allés à la rencontre de ces structures, et avons identifié leurs besoins de recrutements afin de leur proposer les candidats au profil adapté", poursuit-elle.
Un travail en collaboration avec le ministère de la Santé et l'ARS
Pôle emploi a mis rapidement en place différentes actions en partenariat avec l'ARS (Agence régionale de santé) et le ministère de la Santé. Dès octobre, lors de la deuxième vague du Covid, "nous avons créé un vivier de demandeurs d'emplois pour aller prêter main-forte aux structures", explique Cynthia Smaglo. "Nous échangions sur chaque département, dès qu'il y avait des besoins urgents."
A partir du mois de décembre, Pôle emploi a proposé des formations courtes pour former rapidement des professionnels de la restauration - alors sans activité - au métier d'agent de service hospitalier. Des formations alternant théorie et stage pratique, où les compétences transversales (service, entretien, etc.) ont pu être mobilisées. L'objectif : permettre aux aides-soignants de se recentrer sur le soin.
"Cette action a été mise en place dans quatre départements, Savoie, Haute-Savoie, Isère, Rhône. Ces formations ont permis, en janvier, à 70 % des participants d'être de retour à l'emploi", se réjouit Cynthia Smaglo.
Un solide partenariat Pôle emploi - OPCO Santé
Mais Pôle emploi va plus loin et, pour répondre aux besoins du secteur, travaille en étroite collaboration avec l'OPCO santé dont les adhérents (1 100 structures en Auvergne-Rhône-Alpes) rencontrent des difficultés pour satisfaire leurs besoins de recrutements. 39 % des structures médico-sociales souhaiteraient recruter en CDI. Or, "ce secteur souffre d'un manque d'attractivité, et les entreprises peinent à fidéliser leurs salariés", explique Nelly Ivanchak, déléguée territoriale à l'OPCO Santé AURA. En cause, entre autres : les salaires, assez faibles, et le déficit d'image dont pâtit par exemple, le métier d'aide-soignant.
L'OPCO santé et Pôle emploi ont ainsi travaillé ensemble dans le cadre d'une POEC (Préparation Opérationnelle à l'Emploi Collective) dont l'objectif était d'intégrer, au terme de celle-ci, un contrat d'apprentissage visant le diplôme d'aide-soignant. Trois groupes d'une quinzaine de demandeurs d'emploi ont ainsi suivi 400 heures de formation entre octobre et décembre 2020, afin de valider des certificats professionnels (Prap 2S et SST), acquérir les savoir-faire et savoir-être nécessaires et, si besoin, obtenir le permis de conduire.
30 % de la formation se déroule en entreprise. Celle-ci a été organisée par l'OPCO, en prise directe avec les besoins du secteur, et financée par Pôle emploi, qui a sécurisé le sourcing, auquel participe également le CFA. Un partenariat réussi puisque, aujourd'hui, 97 % des stagiaires sont en contrat d'apprentissage.
Désormais, Pôle emploi et l'OPCO santé envisagent de mettre sur pied d'autres dispositifs. Des formations santé financées dans le cadre du Plan d'Investissement dans les Compétences (PIC) seront mises en place à la rentrée. Dans tous les cas, "il peut être opportun de rechercher la complémentarité de nos offres de services pour répondre aux besoins de recrutements de nos adhérents sur les territoires, explique Nelly Ivanchak. Nous faisons du sur-mesure pour les demandeurs d'emploi !"
ZOOM SUR LES PARCOURS EMPLOI COMPÉTENCES
Pour répondre aux besoins de ses adhérents en pleine crise sanitaire, l'OPCO s'est appuyé sur Pôle emploi pour leur faire bénéficier d'une solution intéressante : les PEC (parcours emploi compétences), auxquels peuvent prétendre certains demandeurs d'emploi.
Les PEC sont des emplois financés, en partie, par l'État. Grâce à ces aides, les différentes structures médico-sociales ont ainsi pu embaucher plus facilement du personnel pour pallier absences et arrêts maladie. L'OPCO, quant à lui, finance la formation nécessaire pour être opérationnel en début de contrat.
"Cynthia Smaglo est venu nous présenter ce dispositif. Nous avons ainsi pu le promouvoir auprès de nos adhérents", explique Nelly Ivanchak. Une façon intelligente de permettre un retour à l'emploi à un public qui en est éloigné tout en répondant aux besoins d'un secteur en forte tension.