Votre parcours politique reste une énigme pour beaucoup d'observateurs. Les éternelles références à votre passage des rangs de La France insoumise à ceux du Rassemblement national vous agacent-elles ?
"Non pas du tout. J'assume mes choix. J'ai été un proche de Jean-Luc Mélenchon. Il a fait partie de ma formation culturelle et politique. Mais depuis la présidentielle de 2017, j'ai constaté un bouleversement. J'ai vu un mouvement qui a abandonné la justice sociale, son patriotisme, son amour de la France, pour se tourner vers des concepts diviseurs. La preuve : les enquêtes montrent qu'une bonne partie de l'électorat de gauche est prêt à voter Marine Le Pen au deuxième tour en 2022. Je ne suis pas un cas isolé, ni un canard boiteux."
Quelles sont les priorités de votre politique économique ?
"Faire quelque chose contre ces entreprises fantômes, maintenues en vie artificiellement grâce aux aides de l'État. La Région doit agir avant plutôt que d'attendre et de saupoudrer de subventions. Elle doit identifier ces sociétés avant le chaos social. Connaître leurs besoins pour pouvoir anticiper des faillites potentielles…"
Mais concrètement, quels leviers actionner pour la vitalité économique du territoire ?
"Mes priorités seront de développer les filières d'emplois non délocalisables qui font le savoir-faire local. Ça va de la très petite entreprise artisanale, la coutellerie de Thiers par exemple, à la très grande, comme Alstom. Le développement des emplois du tourisme doit aussi être une priorité. Même chose pour la sylviculture. Ou la dépollution des sols. La Région, de par son ingénierie et son génie, peut être un modèle dans ces secteurs."
"Démétropoliser le territoire"
Et pour les entreprises ?
"La Région doit donner un cap. Cibler des filières à défendre, aider, subventionner... Ça n'est pas à des élus, diplômés de sociologie en 1975, de dire à des chefs d'entreprise ce qu'ils doivent faire. Je ne veux pas faire de clientélisme, comme Laurent Wauquiez qui ne pense qu'à la présidentielle. C'est pour ça que, selon moi, lorsqu'on subventionne une entreprise, on peut imaginer demander une contrepartie. Comme prendre un stagiaire ou un apprenti, par exemple."
Vous dites que l'écologie est une priorité. C'est assez inhabituel au RN…
"Le terme écologie a d'abord été employé par des élus de droite. Pour ma part, j'ai fixé des objectifs sur ce mandat 2021-2027, notamment celui de démétropoliser le territoire et d'avoir un développement harmonieux entre villages et grandes agglomérations. Ça passera par la réouverture de 50 % des petites lignes ferroviaires qui sont aujourd'hui à l'abandon, ou par le développement du fret.
Ça passe également par la non-fermeture des lycées. Pour ça, je veux faire en sorte de spécialiser les établissements menacés pour qu'ils restent attractifs. Parce lorsqu'un lycée ferme, c'est tout un territoire qui y perd."
"Le futur organigramme est prêt"
Pour les transports, votre priorité c'est donc la réouverture des petites lignes… ?
"Pas de toutes. Il faudra être cohérent et réaliste. Et pourquoi pas travailler avec d'autres régions. À ce niveau, la politique de Laurent Wauquiez est un échec. Le Lyon-Clermont notamment, une de ses promesses qui n'est pas tenu. On a préféré investir sur le Lyon-Turin plutôt que sur les petites lignes. Ça n'est pas ma philosophie. Moi, ce que je souhaite, c'est aussi réinjecter les 147 M€ engagés sur l'A47 pour le train. C'est ça une région de bon sens."
Les sondages vous placent en deuxième position derrière Laurent Wauquiez au premier tour. Pouvez-vous gagner ?
"On y croit. Une chose est sûre, tout donne raison au message politique qu'on évoque depuis plusieurs années, c'est à dire lutte contre l'islamisme et le mondialisme. Si nous remportons demain la Région, les dossiers sont prêts et ont été budgétisés. Nous connaissons le calendrier et le futur organigramme est prêt, lui aussi."
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