« Le Medef n’est pas opposé à la fiscalité, avance en préambule Patrick Martin, président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes. Mais nous alertons sur ses dérives. » Invités aux Cercle de l’Union à Lyon, quelques chefs d’entreprise ont assisté à une conférence sur le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, voté dans la loi de finances 2017 et applicable au 1er janvier 2018.
« L’objectif affiché par le gouvernement est la suppression du décalage entre la perception du revenu et le paiement de l’impôt. Le Medef est favorable à la suppression de ce décalage car elle permettrait de réinjecter l’épargne des ménages dans l’économie, expose Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué du Medef. Le vrai question est : qui doit prélever ? L’entreprise ? L’Etat ? Cette question nous oppose. »
Le gouvernement a tranché : ce seront les entreprises. A titre d’exemple, un salaire médiant de 2 200 € brut sera imputé d’un taux neutre de 10 %. Le collaborateur découvrira sur sa fiche de paie un salaire de 1 980 €. « Un choc significatif ! », selon le représentant du Medef.
La simplification annoncée se révèle un casse-tête pour les services gestion des entreprises. Ils recevront un taux de prélèvement pour chacun des salariés à entrer dans les logiciels de paie. « Pour une grande entreprise qui n’emploie que des CDI, ça fonctionne. Mais le marché du travail ne correspond plus à cette vision Fordienne de l’économie, insiste Geoffroy Roux de Bézieux. 500 à 600 000 contrats de travail sont conclus et rompus chaque mois en France. Le Medef soutient la taxation des revenus mais refuse que l’entreprise soit sollicitée. »
Autre argument mis en avant par le syndicat patronal, également avancé par les organisations de salariés : la confidentialité des informations. « Nous n’avons pas à rentrer dans la vie privée des salariés et à connaître leurs revenus annexes ou ceux des conjoints. Il y a un risque avéré de détérioration du climat social », prévient le Medef.