YuriiPukavskyi et ViacheslavHanyk, originaires d'Ukraine, n'ont jamais parlé, ni étudié le français. Pourtant, cela fait bientôt six mois qu'ils sont arrivés à Lyon. À respectivement 22 et 23 ans, ces deux amis ont intégré en septembre 2022 un programme de mobilité organisé par l'Université catholique de Lyon(Ucly) et l'université catholique d'Ukraine à Lviv. L'Ucly a proposé pour l'année 2022-2023, la prise en charge de 10 bourses étudiantes comprenant frais d’inscriptions, trajets, logement pour un semestre pour un montant total de 75 000 euros.
Parmi les six étudiants accueillis dans le cadre de ce programme figurent Yurii et Viacheslav, boursiers pour le premier semestre, qui ont décidé de rester sur leurs fonds propres pour finir l’année à Lyon et être ainsi diplômés du Master of Laws(anglo-saxon).
Guerre en Ukraine : le logement des réfugiés reste une préoccupation majeure à Lyon
Un choix de raison en temps de guerre pour deux étudiants ukrainiens
Alors qu’ils étudiaient les droits de l’Homme en Ukraine, les deux étudiants ont décidé de changer de voie pour se lancer un nouveau défi. Yurri et Viacheslav sont arrivés à Lyon pour suivre le programme sur le droit international des affaires. "Lorsque que j’ai vu les programmes, j’ai tout de suite compris que celui-là pouvait être très intéressant et utile pour l’Ukraine", explique Yurii. En effet, ce n’est pas qu’une question de connaissance personnelle qui motive ces deux jeunes, mais aussi une certaine inquiétude :
"Si nous, qui sommes dans les études, on quitte l’Ukraine et on ne revient plus, qui va reconstruire le pays ?" déplorent les deux garçons.
Une grande opportunité dont ils ont conscience aujourd'hui et qu’ils souhaitent utiliser plus tard au profit de leur pays : "C’est une expérience unique dans un autre pays d’une autre culture", se réjouit Viacheslav.
Guerre en Ukraine : un conflit inimaginable vécu à travers les médias
Originaires de Lviv dans l’ouest de l’Ukraine, ces deux étudiants ont vécu une partie du cauchemar au début de la guerre, une vie imprévisible comme nous la décrit Yurii :
"Le problème, c’est qu’on ne sait jamais quand quelque chose va arriver. Au début, on avait forcément peur, on ne savait pas comment vivre, mais après une période de choc, on s'est tous demandé comment on pouvait aider. Après les premiers temps, quelque part, la vie a repris mais toujours avec ce stress de ne pas savoir ce qui va se passer dans cinq minutes. Une fois, j’étais chez moi, j’ai entendu un missile et une explosion, j’ai vu la fumée se dégager, mais je ne pouvais pas aider."
Aujourd'hui, c’est à travers les médias et les nouvelles de leurs familles qu’ils vivent cette guerre. "C’est très difficile de décrire ce que je ressens, c’était très dur au début, mais aujourd’hui on vit avec au quotidien", avoue tristement Viacheslav. "D’une certaine manière, parfois, je me sens coupable d’être ici alors que ma famille souffre en Ukraine", poursuit-il.
Yurii, quant à lui, prend les choses d’un côté plus positif : "Ce que je peux faire, c’est simplement m'investir au mieux dans mes études. Pour quelque part aider un peu l’Ukraine ?", s’interroge-t-il.
Un avenir imprévisible pour les étudiants ukrainiens à Lyon
Quand on leur demande où ils seront à la fin de l’année, le silence s'installe. Les deux jeunes expliquent qu’ils ne pensaient même pas à la guerre avant qu’elle n'arrive, et qu’ils n’avaient pas prévu non plus de rester à Lyon pour la fin de l’année. "C’est un vrai problème dans cette guerre, on ne peut pas se projeter dans le futur", avoue Viacheslav.
Malgré un futur peu certain, les deux amis sont pour l’instant épanouis à Lyon. Ils se sont très vite adaptés et intégrés à la vie de l’université lyonnaise. "On a conscience de la chance qu’on a et on apprécie cette expérience, on est très reconnaissant", conclut Yurii.
Investis même de loin, les deux jeunes explique qu'ils ont intégré des associations à Lyon et qu'ils sont heureux d'être dans un pays qui soutient leur combat."Les gens ici veulent aider et soutenir les Ukrainiens, comme on a pu le voir à la manifestation de samedi (le 25 février, Ndlr) à laquelle on était présent", saluent-ils.