Morane Rey-Huet, comment définissez-vous les Conseillers du commerce extérieur ?
Les CCE incarnent une institution extraordinaire qui trouve ses sources en 1898. Sa création fait suite à la défaite de Napoléon III face à l’Allemagne ; le gouvernement français se questionnant alors sur l’intérêt de mieux connaître l’environnement international et donner ainsi la possibilité aux décideurs basés hors des frontières de faire remonter les informations des différents continents sous forme d’intelligence économique.
Les CCE, tous bénévoles, sont un appui aux pouvoirs publics, à la formation pour « donner le virus de l’international aux jeunes » (du collège aux grandes écoles, Ndlr) et aux entreprises. Car le défi est d’améliorer la balance commerciale, qui n’est pas au rendez-vous avec 84 milliards d’euros de déficit. Auvergne-Rhône-Alpes se défend plutôt bien malgré tout avec un tissu industriel fort.
Dernière mission des CCE, améliorer l’attractivité de la France et de nos territoires, car c’est aussi notre intérêt que d’attirer les entreprises étrangères pour mieux faire rayonner nos expertises et nos produits. Nous avons cette capacité à parler en face à face avec des décideurs de l’étranger pour faire valoir notre attractivité. C’est plus facile car nous parlons le même langage.
Morane Rey-Huet : "Sans industrie, on a des problèmes d’emplois, d’export, de compétitivité et de souveraineté"
La France manque-t-elle ainsi de culture de l’international ?
Les indicateurs et mesures liés au calcul de la balance commerciale analysent le nombre de produits et biens qui passent par la Douane mais également les services vendus hors des frontières. Et sur ce second segment, nous sommes positifs.
Le déficit au niveau des biens et services provient du phénomène de désindustrialisation apparu au début des années 80. Le plan de relance lancé il y a quelques mois ambitionne de remédier à cette problématique car on constate bien que sans industrie, on a des problèmes d’emplois, d’export, de compétitivité et de souveraineté.
L’industrie comme levier à l’international donc ?
C’est un levier extraordinaire d’abord parce que nous avons des compétences, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, première région industrielle de France, qui plus est, spécialisée. Et l’objectif est bien de réindustrialiser ces savoir-faire à valeur ajoutée pour s’assurer de notre indépendance.
Sur ce point, l’enjeu environnemental, de développement durable, combinés à nos expertises, à nos politiques, nos grandes écoles et nos industries, font qu’Auvergne-Rhône-Alpes constitue un écosystème de premier ordre, capable de signer l’amorce de la réindustrialisation en France.
Dans cette dynamique la Team France Export a montré l’exemple et la pertinence du partenariat public-privé ?
Le gouvernement, sous l’impulsion de Business France, les chambres de commerces, les CCE, les régions, syndicats patronaux et les OSCI notamment, ont réussi à monter une équipe permettant à chacune de ces composantes de définir leur valeur ajoutée pour constituer in fine à guichet unique de l’international pour les entreprises. En Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons historiquement cette culture de travailler ensemble. (...) La suite de cet article est réservée à nos abonnés.