Ça faisait un petit moment qu’on n’avait pas vu le travail de Philippe Vincent, cinéaste, auteur et metteur en scène installé à Lyon depuis au moins 20 ans, et connu pour son approche de l’œuvre du dramaturge allemand Heiner Müller et ses mises en scènes atypiques et radicales.
C’est encore le cas avec La Fin de l’Humanité, sa dernière création, d'une commande à David Mambouch, auteur, réalisateur de films et comédien. Ce texte, sorte de monologue intérieur qui ne raconte pas une histoire, compose à la fois la trame et le rythme d’un spectacle à la noirceur assumée et même exacerbée.
Au Théâtre Comédie Odéon, les mercredis, c'est le public qui choisit le prix !
La Fin de l'humanité vue par Philippe Vincent et David Mambouch
Trois femmes (Laura Frigato, Anne Ferret, Alwynne Pritchard, impeccables) en fichu, long manteau et gants de ménage, tenant un balai, attendent le public, assises en fond de scène. A l’avant, trois pupitres qu’elles vont rejoindre.
Pour donner à entendre "une voix, qui devient trois voix, puis une multitude de voix qui disent toutes la même chose : cette sensation de fin du monde. Une rythmique, une accélération inspirée par Steve Reich, It’s gonna rain, la gamme de Shepard ou encore eternal accelerando de Jean-Claude Risset", écrit Philippe Vincent dans le programme de salle.
Et c’est vrai qu’il y a le bruit de l’eau, celle qui gronde et arrache tout sur son passage, celle de la pluie, celle des orages. A l’instar du liquide laiteux qui coule le long des murs tendus de plastique noir à la fin du spectacle. Comme la métaphore d’un monde en dilution qui se liquéfierait sous les assauts humains. Profondément pessimiste, il ravit néanmoins par la beauté des images qu’il produit et invite à réfléchir et se questionner sur des sujets brûlants, égratignant au passage quelques idées reçues.