Soient "Les Exilées" ("Les Suppliantes") d'Eschyle, "Iphigéniechez les Taures" (Iphigénie en Tauride) dans la nouvelle traduction de Irène Bonnaud et "La Mort d'Héraklès" ("Les Trachiniennes") de Sophocle et dans celle de Malika Bastin-Hammou. Après les Molière de Vitez qui ont entamé une tournée, victimes de leur succès, et Andromaque cet hiver au Point du jour, voilà que Morin revient aux tragédies grecques, qu'il a l'air d'affectionner particulièrement. Sauf que cette fois, ça se passe sur le parking du théâtre alors que l'an dernier, cela se passait dans le quartier et que les comédiens ne sont évidemment pas les mêmes.
Refaire (presque) la même chose au même endroit, c'est sa façon de résister, explique Gwenael Morin, dont on connaît le goût pour le théâtre classique dans son plus simple appareil. Façon de résister au flot d'images qui nous assaillent, « de résister à l'asservissement du désir, d'insister, de revenir sur le même point » dit-il, de revenir à l'essentiel, le texte et de creuser patiemment un sillon.
Trois tragédies, donc, parce qu'à l'époque de leur écriture, les pièces étaient jouées par trois, de façon presque systématique, du lever du jour à la tombée de la nuit. Aussi parce que ces trois pièces « racontent l'histoire du choeur grec » précise celui qui avoue prendre un singulier plaisir à l'expérience que l'équipe a fait l'an dernier, jouer l'intégrale à l'aube. « Un rituel exceptionnel et inattendu, résultat de la tension entre le tragique et la promesse d'une journée d'été. Peut-être même que les trois semaines avant ne sont là que pour préparer ce matin-là » ajoute t-il malicieusement. On le comprend, les sensations de l'an dernier sont encore bien présentes quand on convoque ses souvenirs. À revivre, donc !
Nuits de Fourvière, parking du théâtre du Point du jour, 7 au 9 juillet, 14 au 16, 21 au 23 et l'intégrale le 29, www.nuitsdefourviere.com