C'est l'une des compagnies phares de la scène contemporaine chinoise qui bouscule les codes de ses traditions et bouscule nos codes tout courts. Fondée en 2008 par Tao Ye, ancien danseur de la Beijing Modern Dance Company, qui voulait trouver son propre chemin, elle poursuit une recherche sur le mouvement pur et le corps. Les deux pièces présentées dans ce programme s'inscrivent dans un cycle intitulé La trilogie de la ligne droite qui propose de « «purifier et distiller» le corps humain, dans la recherche de «l'infini».
D'une grande rigueur formelle, le chorégraphe a choisi de baptiser ses pièces d'un chiffre qui correspond au nombre de danseur.ses, ici 6 et 7, et de composer en monochrome. « Nous vivons dans un monde où les couleurs éblouissantes sont prédominantes. J'ai choisi de travailler sur une seule couleur, de la distiller. Je préfère croire en l'existence d'une unité singulière même lorsqu'il est question d'opposer pluralisme et dualisme. C'est dans le corps, dans notre existence physique, qui porte en elle l'ordre intrinsèque de la vie, que réside la plus grande des sagesses » souligne-t'il. Ainsi 6 se consacre au noir tandis que 7 au blanc.
Sans soutien narratif le corps s'exprime seul, mu par un axe de recherche, dans 6 la colonne vertébrale, dans 7 la voix. De là naît une danse fluide et hypnotique, saccadée et tranchante, portée par des ondulations de colonne qu'on pourrait croire presque élastique accentuées par les lumières conçues par la célèbre artiste suédoise EllenRuge, un éclairage en flux continu et entrelacs. Dans 7, ou par la production de sons et ses effets cathartiques sur le groupe et sur les corps.
À n'en pas douter, une étonnante expérience esthétique qui ouvre des horizons vastes et poétiques, au minimalisme manifestement assumé !
Gallia Valette-Pilenko
Maison de la danse, 23 au 25 mars, www.maisondeladanse.com