Ils ont importé le concept venu des États-Unis, celui d'exposer des graffeurs et graffeuses dans un espace clos. Prêté par un marchand de biens avant sa mise en vente et après sa réhabilitation, cet ancien centre de formation de la Croix-Rouge semble le lieu idoine pour ce genre de manifestation.
Lyon : Yuzoo, le nouveau concept de Zoo Art Show au pied de la tour Silex 2 à La Part-Dieu
Situé juste derrière l'église de la Rédemption (ça ne s'invente pas), l'immeuble de trois étages est scénographié, le rez de chaussée rappelant un parking avec son marquage au sol et le premier un terrain de basket. Un clin d'oeil aux jungles urbaines qui ont été les premiers terrains de jeu des street artistes, tout comme ZOO, le titre donné à l'événement fait également une référence directe au zoo, nom qu'on donne aux lieux interlopes dans l'argot américain.
Soone
Ici, les stucs anciens voisinent avec les murs nus et lépreux, créant des frottements propices au dialogue des œuvres entre elles.
Sur deux étages et 600 m2, les visiteuses et les visiteurs peuvent découvrir 40 artistes qui ont travaillé sur des panneaux de bois (ainsi les oeuvres peuvent être vendus aux amateurs), dont des très grands formats travaillés sur place.
Quarante artistes connus et moins connus, Lyonnais mais pas que, dont certaines grosses pointures comme Brusk et Resoner, Kalouf et Birdy Kids (tout le monde a déjà vu un de ses oiseaux rigolos sur les murs de la ville) et jeunes pousses comme l'étonnant Agrume qui réalise ici une magnifique peinture à l'acrylique délicate et poétique ou encore Wenk, autre Lyonnais prometteur.
ZOO artshow
On pourra juste regretter l'absence de représentation féminine, dans un milieu encore très très masculin...
Zoo artshow, 61 rue de Créqui. Jusqu'au 29 juillet, www.zooartshow.com
Vidéo sensible de Guy Ben-Ner à la BF15
Dans le même temps mais dans un tout autre genre, la galerie d'art la BF15 accueille le travail de Guy Ben-Ner dans le cadre de la saison France-Israël. Pour sa première exposition personnelle en France, le vidéaste israélien présente trois vidéos, qui montrent bien l'évolution de son travail. La première, réalisée en 2007, dans le cadre d'une résidence à Münster le met en scène avec ses enfants. D'une durée de 11'48, elle raconte comment à partir d'objets-sculptures célèbres de l'histoire de l'art moderne extraits du musée, la vache-guidon de Pablo Picasso, le cadre de vélo de Jean Tinguely, la roue de Marcel Duchamp, l'artiste reconstitue une bicyclette qu'il enfourche pour parcourir la ville et convier à une promenade champêtre dans la forêt. Ainsi exécute-t-il la démarche inverse, celle de redonner leur rôle fonctionnel aux objets, opérant un léger décalage et posant un regard amusé mais respectueux sur ses ainés. Un décalague et un humour qu'on retrouve dans la deuxième vidéo, Foreign names. Ici, il s'est amusé à détourner le principe des Aroma expresso bar, une chaîne de restauration qui a supprimé les serveurs et serveuses de ses établissements pour réaliser une « ode » de lamentation à la disparition des serveurs, passant de l'histoire de l'art à l'engagement social. Une dimension qu'on retrouve encore davantage dans sa dernière production, résultat d'ateliers avec de détenus demandeurs d'asile érythréens et soudanais. En effet depuis 3 ans, Guy Ben-Ner donne des cours hebdomadaires de vidéo dans la prison de Holot, située dans le désert du Neguev, à deux km de la frontière égyptienne. Dans cette vidéo intitulée malicieusement Escape Artists, il leur explique à la fois les principes et les outils du cinéma, en s'appuyant sur des classiques du cinéma comme Nanook et Blow-up, et fait œuvre avec eux en inventant de nouvelles formes de cinéma. Politique et néanmoins ludique !
BF 15, jusqu'au 28 juillet, www.labf15.org