AccueilActualitéLe débit du Rhône en baisse : une étude alerte quant aux effets du changement climatique

Le débit du Rhône en baisse : une étude alerte quant aux effets du changement climatique

L’Agence de l’eau vient de communiquer à Lyon les résultats d’une étude sur les débits du Rhône. Sous l’effet du changement climatique, ceux-ci ont déjà significativement baissé en un demi-siècle. Et la situation va s’amplifier à horizon 2055.
Fleuve le plus puissant de France, le Rhône n'en est pas moins affecté par le changement climatique, avec un débit à la baisse l'été.
© Julien Verchère - Fleuve le plus puissant de France, le Rhône n'en est pas moins affecté par le changement climatique, avec un débit à la baisse l'été.

Actualité Publié le ,

Quel avenir pour le Rhône, fleuve le plus puissant de France ? C’est la question posée par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse à travers une nouvelle étude rendue publique le 3 mars à Lyon.

L’établissement public de l’Etat a planché pour connaitre la part des prélèvements d’eau effectués (agriculture, industrie…) par rapport aux débits du fleuve, les variations possibles des débits à horizon 2055 sous l’effet du changement climatique, et évaluer les éventuels impacts sur les usagers et les milieux aquatiques.

Un travail titanesque qui a pris deux années, mais à la mesure des enjeux directs pour plusieurs millions de personnes connectées d’une manière ou d’une autre au cours d’eau.

Les effets du changement climatique déjà quantifiables sur le débit du fleuve Rhône

"Si on veut éviter une guerre de l’eau et favoriser un partage intelligent de la ressource, il nous faut une base scientifique afin qu’elle soit le moins contestable possible", a plaidé Martial Saddier, élu de Haute-Savoie et président du comité de bassin Rhône-Méditerranée.

Le verdict livré par le document est sans appel : les effets des évolutions du climat se font déjà ressentir et cela devrait s’aggraver.

Commençons toutefois par la bonne nouvelle. Malgré le recul des chutes de neige, le volume global des précipitations annuelles n’a pas baissé entre 1960 et 2020. Mais il fait plus chaud, en particulier l’été, ce qui accroit l’évaporation et l’évapotranspiration (les plantes sont plus "gourmandes" en eau).

Les sols s’assèchent davantage (+ 18 % à + 37 % selon les secteurs) et contribuent moins à soutenir le débit du fleuve. Conséquence, les débits d’étiage moyens ont déjà diminué de 7 % à la sortie du lac Léman, et de 13 % à Beaucaire en 60 ans.

© Julien Verchère / Le Rhône près de Beaucaire. Le débit d'étiage moyen a déjà baissé de 13 % en 60 ans.

Le prélèvements humains vont peser de plus en plus sur le fleuve l'été

La tension sur les prélèvements humains (lire ci-dessous) s’accroit logiquement et représente actuellement 15 % du volume de son écoulement en été. Elle peut dépasser les 30 % en année de sécheresse exceptionnelle, comme en 2022.

Dans son étude, l’Agence de l’eau Rhône Méditérannée Corse estime que cette situation de pression estivale se reproduira de plus en plus souvent "et certaines années dépasser les 40 %".

© Julien Verchère / Laurent Roy, directeur général de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, et Martial Saddier, président du comité de bassin Rhône-Méditerranée.

"Le fleuve Rhône n'est pas inépuisable"

Alimenté par les glaciers des Alpes (et paradoxalement en quantité à mesure de leur fonte accélérée…), le Rhône n'est toutefois pas dans la même situation que la Garonne ou la Loire. On se souvient des images impressionnantes de fleuves complètement à sec par endroits à l’été 2022.

"Mais le fleuve Rhône n’est pas inépuisable", prévient Martial Saddier. De nombreux usages devront donc intégrer la baisse des débits estivaux, quand la tendance serait plutôt à la hausse en hiver.

Les producteurs d’énergie sont concernés (eau pour le refroidissement des centrales nucléaires par exemple), tout comme les agriculteurs (systèmes d’irrigation plus performants, cultures moins gourmandes en eau…).

© Julien Verchère / La centrale nucléaire de Cruas-Meysse, en Ardèche.

Une autre étude lancée sur la température du Rhône

La biodiversité aquatique est également en jeu. "On a encore la chance d’avoir la possibilité d’anticiper. Voilà ce qui va arriver en 2055, prenons les bonnes décisions le plus rapidement possible", appelle de ses voeux Martial Saddier.

L’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse n’a d’ailleurs pas terminé d’ausculter le fleuve, puisqu’elle a lancé une autre étude centrée sur la température de l’eau. Ses résultats devraient être connus sous 18 à 24 mois.

Le Rhône, un fleuve vital pour des millions d’habitants

© Julien Verchère / Un barrage hydroélectrique dans la vallée du Rhône.

Avec ses 810 km de long de la Suisse à la Camargue, un bassin versant de 98 400 km2 et pas moins de 55 milliards de m3 d’eau à l’estuaire chaque année, le Rhône est l’un grands fleuves européens.

Sur les 5,2 milliards de m3 prélevés en moyenne chaque année, 3,1 milliards de m3 sont soustraits définitivement du fleuve, soit à peine plus de 5 % du volume global. Près de la moitié est dédiée à l’agriculture via l’irrigation (48 %), et environ un quart aux transferts liés à la production hydroélectrique (24 %).

L’eau potable pèse pour 16 % dans les prélèvements, 2,3 millions de personnes étant alimentées par le Rhône et ses nappes. Enfin, la navigation (détournement vers les canaux) et l’industrie représentent chacun 5 % des 3,1 milliards de m3.

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