À croire que les lieux en transit l'inspirent. Scala est de ceux-là, qu'il reprend au théâtre des Célestins pendant la fête des Lumières, dans une configuration nouvelle, puisque Scala a spécialement été conçu pour le nouveau lieu parisien. En voyant la salle en chantier, l'artiste a eu l'idée de ce nouvel opus bourré de chausse-trappes et autres pièges à déséquilibre. Toujours en quête du « point de suspension », ce moment magique où la balle « atteint le sommet de la parabole, juste avant la chute » celui qui a dansé pour Maguy Marin pendant 4 ans cherche toujours à déceler, et à déjouer les forces en présence, celles qui se meuvent dans le corps quand il est soumis aux contraintes physiques.
Dans Celui qui tombe, spectacle assez emblématique de son travail, il juchait ses interprètes sur un socle instable, les jetant dans la tourmente des forces de gravité, où chaque geste comptait pour ne pas se mettre en péril les uns les autres. Aujourd'hui, il « souhaite radicaliser (son) projet en imaginant une pièce où l'homme, de la première à la dernière seconde du spectacle, sera agi par une somme de machines. »
Dans Scala demeurent les trampolines, son agrès de prédilection, celui qui a forgé sa notoriété, mais voilà qu'apparaissent des chaises farceuses se disloquant au moment de l'assise puis redevenant elles-même, comme ces petits jeux en bois qui se désarticulent quand on appuie sur le fond. Voilà que les surfaces instables obligent à repenser la gravité, où affleure « le rêve d'une pièce fragile courant à toute allure le long d'un fil continu, faisant affleurer des situations sans jamais pourtant les fixer » comme l'écrit Yoann Bourgeois.
Théâtre des Célestins, 4 au 8 décembre, www.theatredescelestins.com