Le 18 décembre dernier, le concept définitif des JO de Paris 2024 était adopté et adapté au regard de la crise de la Covid-19, et présenté par le Comité international olympique aux partenaires économiques, athlètes et institutionnels de l'événement. Tony Estanguet, président du comité d'organisation Paris 2024 annonce "un changement du modèle de livraison des Jeux".
Jusqu'à présent fondé sur une internalisation de chaque activité au sein du Comité d'organisation, le nouveau modèle "mobilisera les meilleurs experts du sport et de l'événementiel afin de s'appuyer sur les ressources existantes. Cela permettra de limiter les coûts de structure pour le comité d'organisation tout en créant des opportunités pour la filière sport et pour l'ensemble du tissu économique français, notamment pour ses TPE-PME".

© KMSP/Paris 2024 via Wikimedia Commons / Tony Estanguet a annoncé un changement de modèle pour les JO Paris 2024 suite à la crise du Covid-19.
Dossier réalisé par Noémie Coquet, Laurie Joanou, Marie Maleysson et Julien Thibert
Sommaire
1- JO 2024, pas que Paris...
2- Etamine : le grand saut dans les JO depuis Vaulx-en-Velin
3- L'entreprise iséroise Serge Ferrari sur la piste ?
4- BV Sport a plus d'un tour dans son manchon
5- Des écocup made in Saint-Etienne ?
6- Banque Populaire Auvergne-Rhône-Alpes : “Les JO 2024, un événement majeur pour notre pays”
7-Caisse d'Épargne Rhône Alpes : "Paris 2024, de belles opportunités économiques"
8- L'info en carte/ Les sites des JO Paris 2024 en Auvergne-Rhône-Alpes
Quels sites vont accueillir les épreuves olympiques en 2024 ?
Une manne pour une multitude d'acteurs - les JO représentant l'équivalent de 50 championnats du monde en quatre semaines, soit un montant global d'activité estimé à 7 milliards d'euros - mais pas seulement en l'Ile-de-France.
En plus de la ville hôte, Paris, où se tiendront 80 % des épreuves olympiques et paralympiques, les métropoles de Saint-Etienne, Lyon, Bordeaux, Nice, Nantes et Marseille accueilleront des épreuves de football. Le site ultramarin de Tahiti accueillera lui les épreuves de surf, discipline rajoutée parmi trois autres que sont l'escalade, le skateboard et le breaking.
400 territoires intégrés
Et pas seulement en 2024 : plus de 400 territoires (villes, communautés de communes, département, régions ou agglomérations) d'Auvergne- Rhône-Alpes ont été intégrés au sein du dispositif Terre de jeux 2024 sur 1 260 en France. Certains d'entre eux, à l'image de Vichy dans l'Allier, ont été désignés centres de préparation aux jeux et accueilleront donc des délégations étrangères.
Pour aider le territoire vichyssois à obtenir le label Terre de jeux, dès 2019, la région Auvergne-Rhône-Alpes avait annoncé participer à hauteur de 24 M€ à la rénovation du Centre de ressources, d'expertise et de performance sportives (CREPS) de Vichy-Auvergne.
Au total, 46 M€ (incluant cette enveloppe de la Région) seront investis pour la modernisation du plateau sportif de Vichy qui accueillera notamment des épreuves d'obstacles.

© Creps de Vichy
La rénovation ou la construction des équipements sportifs n'est pas le seul enjeu. La mise en œuvre d'une stratégie d'achats responsables, visant à compenser le coût engendré par la création puis le délaissement, une fois les infrastructures construites, ouvre des opportunités évaluées à 2,5 Md€.
Un montant auquel s'ajoutent les 5 Md€ de marchés publics, dont ceux publiés par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), créée en 2017. Un total de 17 familles d'achats identifiés (restauration, logistique, communication, immobilier et infrastructures, sécurité, etc.) : de quoi aiguiser les appétits des entreprises prestataires et labellisées.
95 % des marchés à conquérir
La bonne nouvelle pour les entreprises d'Auvergne-Rhône-Alpes, c'est que 95 % des marchés restent encore à passer. "Nous sommes au début de l'aventure. Tout l'enjeu consiste à donner de la visibilité sur nos marchés dès maintenant, souligne le CIO Paris 2024. Par exemple, en 2021, nombreux seront les marchés lancés : marketing, logistique, transport et biens, gestion d'entrepôts (stockage et manutention), barriérage, événementiel, énergie temporaire, restauration pour le village des médias, nettoyage et gestion des déchets pour le village des athlètes et le village des médias... En 2022, les marchés concerneront les équipements sportifs, les fournitures pour les infrastructures temporaires, la restauration...".

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Afin d'informer au fur et à mesure les entreprises de la publication des marchés publics et leur permettre d'y répondre, deux plateformes en ligne sont accessibles aux TPE et PME françaises : ESS 2024, portée par Les Canaux et soutenue par le Comité d'organisation Paris 2024 et la Solideo et Entreprendre 2024, initiée par le groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Épargne, Natixis) et le Medef. BPCE ainsi qu'EDF se sont engagés très tôt dans la préparation des Jeux (dès 2018) en rejoignant le rang très select des partenaires premium, suivi d'Orange en 2020.
"Mettre toutes les entreprises sur la même ligne de départ"

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Pour mieux faire connaître l'existence des deux dispositifs, des tournées en régions sont donc organisées depuis fin 2019 pour mobiliser le tissu économique. "Toutes les entreprises qui le souhaitent et s'estiment donc légitimes pour répondre à un appel d'offres peuvent donc le faire", souligne Pia Le Ficher, cheffe de projet pour la plateforme ESS 2024.
Près de 2 000 entrepreneurs en France, et en Auvergne-Rhône-Alpes, ont assisté aux rencontres organisées dans leurs territoires par la Banque Populaire et la Caisse d'Epargne (groupe BPCE) dès fin 2019, pour présenter ces deux plateformes d'appels d'offres. A l'image de celle organisée le 30 novembre dernier (en visio) pour 200 entreprises clientes TPE et PME du groupe BPCE.
Au-delà de l'accès aux appels d'offres, ESS2024 accompagne les entreprises à répondre à la commande publique. "Nous ne pouvons pas leur garantir de gagner, mais mettre toutes les entreprises sur la même ligne de départ pour faire en sorte de lever les freins qui font que les petites entreprises, notamment dans l'ESS, ne se positionnent pas sur ces marchés aujourd'hui". La plateforme aide par ailleurs les structures à se constituer en groupement d'entreprises "pour fournir une offre plus solide et différenciante, afin de rassurer le donneur d'ordre".

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Des entreprises régionales déjà sélectionnées
A ce jour, Paris 2024 indique sans les citer de façon nominative, en raison de la confidentialité indue par les marchés publics, sans limite géographique, "que 34 entreprises de Rhône-Alpes travaillent aujourd'hui pour les jeux dans des secteurs d'activité tels que l'ingénierie, le juridique (avocats), les ressources humaines ou encore la logistique".
Pour autant, dans le Rhône, le géant de l'événementiel GL Events est déjà sur les rangs, ayant d'ores et déjà été retenu pour construire le Grand Palais Ephémère, un bâtiment provisoire de 10 000 m2 conçu par l'architecte Jean-Michel Wilmotte - même s'il n'est pas complètement dédié aux seuls JO puisqu'il sert aussi de lieu d'exposition pendant la rénovation du Grand Palais.
Une entreprise de Vaulx-en-Velin participera à la construction du centre aquatique olympique
Dans la Loire des entreprises telles que Greencup, fabricant de gobelets plastiques recyclables ou encore BV Sport, spécialisé dans les manchons de compressions affirment déjà se tenir en alerte et prêts à répondre à de futurs appels d'offres. "Il serait aujourd'hui présomptueux de dire que nous sommes sûrs de participer à l'événement, mais nous sommes prêts à intervenir sur tout le territoire si tel était le cas", confirme Romain Wisseler, co-fondateur avec Florian Garnier et Denis Ligonnet de Greencup.
Tout comme dans le département de l'Isère à l'exemple de Serge Ferrari, entreprise cotée en Bourse et spécialisée dans les revêtements spéciaux pour les équipements sportifs notamment.

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Du côté de l'ESS, une dizaine d'entreprises d'Auvergne-Rhône-Alpes (sur 130 lauréates) prennent déjà part aux JO, à l'instar de Etamine basé dans le Rhône à Vaulx-en-Velin, constitué de 35 salariés. L'entreprise a été désignée pour participer à la construction du Centre aquatique olympique (CAO) à Saint-Denis en Ile-de-France. Ou encore des Ateliers Emmaüs (Villeurbanne) lauréates aux côtés d'autres entreprises de l'ESS pour l'aménagement de Pulse, le siège de Paris 2024, sur plusieurs lots du marché mobilier.
Les JO, outil de relance ?
S'il est trop tôt pour mesurer les retombées financières des JO sur l'économie française et régionale, il n'en reste pas moins, souligne le groupe BPCE engagé auprès de 105 athlètes olympiques et paralympiques français, "que les jeux constituent un formidable levier de croissance économique pour notre pays et pour les entreprises de notre groupe".
La filière sport représenterait ainsi selon le premier Observatoire BPCE de l'économie du sport, 112 000 entreprises pour un chiffre d'affaires global de 77,7 Md€. Et du côté de l'emploi, Les JO mobiliseront 150 000 emplois directs au total dont pour l'essentiel, dans la filière événementielle (78 300 emplois), touristique (60 000 emplois) et construction (11 700 emplois) pour les installations pérennes et/ou temporaires.
Une étude, publiée le 5 février dernier par BPCE – L'Observatoire, « La filière sport retient son souffle », montre que « l'engouement autour de Paris 2024 reste intact ». 82 % des associations et 89 % des entreprises interrogées "considèrent que l'organisation des JO est une bonne chose, voire une très bonne chose pour la moitié d'entre eux", détaille Alain Tourdjman, directeur des Etudes et prospectives du groupe BPCE (Banque Populaire, Caisse d'Épargne et Natixis), partenaire premium dès 2018 des JO.

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Il ajoute : "L'échéance est aussi très majoritairement envisagée comme un moment de reprise, voire de démarrage d'un nouveau cycle du sport". En effet, 70 % des entreprises disent être confiantes dans "la capacité des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 à rebooster la filière sport" après la crise, et 42 % des associations pensent qu'ils constituent "une opportunité pour pallier les conséquences de la crise sanitaire".
Au-delà de 2024, le fonds d'investissement français « Sport et performance capital », créé par la Caisse d'Epargne et Seventure Partners (filiale du groupe BPCE,) et doté de 80 M€, entend accompagner jusqu'en 2029 le développement des start-ups et PME, forces de propositions et d'innovations dans le domaine sportif.