Finances en berne, public en déshérence, visibilité de plus en plus incertaine, tous les indicateurs étaient au rouge. Pourtant, le festival de quatuors à cordes du Lubéron a retrouvé sa vigueur, sous l’impulsion d’Hélène Caron-Salmona, ancienne maître de conférences en économie et statistiques au CNAM, qui a pris la succession d’Odile-Pierre Chrétien en 2011. La situation est encore fragile. L’organisation s’appuie sur une poignée de bénévoles et un budget de 90 000 €, pour une grande part reversés aux musiciens. Pour réussir son pari, cette mélomane parisienne, mère de six enfants, auparavant bénévole, a changé les règles du jeu. « Nous avons rompu avec un festival étalé sur quatre mois où chaque quatuor invité donnait trois concerts en trois lieux différents, explique-t-elle. Nous avons resserré l’affiche sur deux semaines et construit la programmation de manière à ce que le public puisse voir au moins deux quatuors différents sur deux jours, voire un concert différent tous les soirs puisque les programmes ne sont jamais les mêmes ». Concrètement, chaque quatuor donne deux concerts intercalés avec une soirée dédiée à un autre ensemble. Les lieux ne changent pas. L’essentiel des concerts est concentré sur l’abbaye de Silvacane et les églises de Goult et de Cabrières d’Avignon. Autre petite révolution, le choix d’un thème chaque année, « une manière pour nous de programmer des compositeurs peu connus et d’inviter des formations d’autres pays ». L’an dernier, Hélène Caron-Salmona invitait le public en pays de Bohême associant trois quatuors tchèques à trois autres formations hexagonales. Cette année, « Marseille- Provence, capitale de la culture » oblige, l’affiche lève le voile sur la Méditerranée. Dans son sillage, les Tetraktys, un quatuor grec, joueront des oeuvres de leurs compatriotes Georges Aperghis et Nikos Skalkottas, encadrées par des quatuors de Beethoven, Chostakovitch et Arriaga (16 et 18 août). Avec le Quatuor di Venezia, le festival jette l’ancre dans la Cité des Doges pour une escale italienne animée par Boccherini, Verdi, Malipiero, mais aussi Cherubini et Beethoven (26 et 28 août). Dernière étape de ce périple, la péninsule ibérique où le Quatuor Breton vous donne rendez-vous avec le répertoire espagnol, plus particulièrement Arriaga, Aracil, Guridi et Conrado del Campo (29 et 31 août). L’année prochaine, le festival du Lubéron devrait se rendre en Scandinavie à la rencontre notamment de Sibelius ou de Grieg…
Lire la suite dans le Tout Lyon Affiches n° 5061 du samedi 10 août 2013…