Mais la passion de ses parents pour la poésie et leur engagement dans le milieu associatif de Villefontaine (Nord-Isère) ont conduit l’adolescent à donner de la voix. D’abord sur les ondes de Radio Jacasse où, à 15 ans, il anime une émission musicale très rock n’roll, puis à la Cave littéraire où, accablé par la mièvrerie de la plupart des invités, il déclame les poèmes de ses auteurs préférés. « Tu devrais faire du théâtre », lui conseillent ses amis. Mais à l’époque, Gwenaël Morin a les yeux tournés vers l’architecture qu’il étudie à l’ENTPE de Vaulx-en-Velin. Là où la poésie a échoué, le théâtre universitaire réussit. « A l’ENTPE, je suis vite devenu l’acteur casse-pieds. D’où mon choix de m’orienter vers la mise en scène, de prendre les projets en main ». Amené à fréquenter les scènes alternatives de l’agglomération lyonnaise (Iris, Trois Huit, Elysée…), il rencontre Jean Lambert- Wild, un autre jeune metteur en scène, qui doit renoncer à une collaboration avec Michel Raskine, alors à la recherche d’un assistant. « Je me suis retrouvé devant le patron du Théâtre du Point du Jour à défendre ma passion ». Ses références ? Un grand prix du festival de théâtre universitaire de Casablanca… Le courant passe très vite entre les deux artistes. La collaboration démarre avec Prométhée enchaîné d’Eschyle, première création de Raskine, qui venait de succéder à Jean-Louis Martinelli à la direction de l’ex-Théâtre de l’Ouest Lyonnais. Elle durera près de quatre ans, jusqu’à Théâtres d’Olivier Py. Deuxième étape importante, Valence, où Philippe Delaigue et Christophe Perton, nommés en 2001, lui passent commande de Mademoiselle Julie de Strindberg. Au générique, Cécile de France, qui laissera un souvenir inoubliable à plus d’un titre. Aux spectateurs qui découvrent son talent et sa personnalité. Au metteur en scène qu’elle plante deux jours avant la générale de la reprise à Lyon. « Difficile de lutter contre un cachet de 400 000 $ pour un film américain avec Schwarzenegger ! », avoue Gwénaël Morin. Dans la foulée, il est accueilli sur les scènes de la Croix-Rousse et des Ateliers et surtout, il revient par la grande porte au Point du Jour où il signera Comédie sans titre de Lorca, Les Justes de Camus et Lorenzaccio de Musset.
Lire la suite dans le Tout Lyon Affiches n° 5053 du samedi 15 juin 2013