La guerre en Ukraine, débutée il y a un an, a redistribué les cartes du commerce international : blocages de frontières, sanctions économiques envers la Russie, explosion des coûts de transports et des matières premières...
"En un an, nous constatons un recentrage des entreprises exportatrices sur le premier cercle géographique que représentent des pays comme l'Allemagne, l'Italie ou encore l'Angleterre", explique Morane Rey-Huet, président des conseillers du commerce extérieur français (CCEF) Auvergne-Rhône-Alpes.
Autre constat, celui d'une relative détente sur les pénuries de matériel, au gré de la réouverture progressive du marché chinois et du maintien du flux de produits agricoles et industriels avec l'Ukraine.
"C'est une bonne nouvelle pour les entreprises exportatrices qui ont su passer la hausse des prix, mais qui restent confrontées à des enjeux forts de trésorerie, notamment en raison des remboursements de PGE et d'avances réalisées pour refaire les stocks".
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Des disparités énergétiques fortes au sein de l'Europe après le début de la guerre en Ukraine
Morane Rey-Huet interpelle par ailleurs sur la situation énergétique au Portugal et de l'Espagne, qui bénéficient de la "dérogation ibérique" leur permettant un plafonnement du prix du mégawatt-heure. "Un avantage économique certain sur des pays comme la France et l'Allemagne", souligne l'expert.
Dans un contexte géopolitique qui reste encore incertain, marqué par un protectionnisme américain toujours prégnant, un isolement de la Russie et un gouvernement chinois qui tente de jouer le médiateur pour régler le conflit en Ukraine, la France fait face à un déficit commercial record, avec -164 milliards d'euros en 2022.
Une situation qui oblige le gouvernement français à agir pour ne pas perdre encore du terrain sur la scène internationale. Dans cette optique, le plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros, destiné à moderniser et donc rendre compétitif l'outil industriel hexagonal, apparaît comme une carte maîtresse. Et c'est bien l'Europe, la priorité des objectifs export.
Guerre en Ukraine : l'export en Europe, priorité des entreprises
C'est en tous les cas, la stratégie de Business France, l'opérateur public en charge du développement du commerce international français, pour qui le Vieux continent constitue une base de lancement pour l'international à travers des programmes dédiés.
Son nouveau directeur général, Laurent Saint-Martin, nommé en janvier dernier, s'inscrit pleinement dans cette dynamique. Il est d'ailleurs attendu au prochain salon Global Industrie qui se déroulera début mars à Lyon pour décrire sa nouvelle feuille de route.