Depuis l’invasion russe en Ukraine le 24 février, la guerre qui sévit localement gagne en intensité sur tous les fronts. Humains en premier lieu avec les conséquences dramatiques en termes de pertes et d’exodes. Puis économiques, avec des relations qui se tendent de jour en jour, et pour lesquelles les grandes puissances mondiales n’ont pas tardé à prendre des sanctions.
La France s’est d’emblée positionnée aux côtés de l’Union européenne pour prendre une série de mesures « chocs » comme l’interdiction du survol de l’espace aérien de l’UE, des transactions avec la Banque Centrale Russe, ou l’exclusion de sept banques russes du système de paiement Swift.
Des partenariats stratégiques et anciens avec la Russie
Sans compter le spectre d’un embargo européen sur le pétrole russe (à l’heure où nous rédigions ce dossier, aucune information officielle n’avait été émise en ce sens, Ndlr), emboitant le pas des dispositions américaines.
Dans ce contexte, la position française n’est pas neutre puisqu’elle bénéficie d’une relation économique ancienne et stratégique avec la Russie, selon la Direction générale du Trésor : 6e fournisseur (en part de marché, soit 3,5 %), 2e pourvoyeur de flux d’investissements étrangers (IDE) hors zones à fiscalité attractive, 2e stock d’IDE dans le pays et 1er employeur étranger (200 000 personnes).
La France a tissé des partenariats stratégiques anciens (énergie, aéronautique, nucléaire, spatial) et d’autres plus récents sur les segments de la transition énergétique de la santé ou des mobilités. En 2020, la France, qui avait réduit son déficit commercial vis-à-vis de la Russie (-566 M€ EUR contre -3,1 Md€ en 2019) a su maintenir ses parts de marché dans un contexte de crise.
Actuellement, on compte 20 Md€d'investissements français en stock en Russieselon le ministère du Commerce extérieur. Encore moins neutre, la position de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 10e client de la Russie avec un peu plus de 500 entreprises exportatrices (soit entre 10 et 15 % des exportations françaises).
De nombreuses entreprises, tous secteurs confondus, sont déjà impactées par ce contexte de guerre
"Nous avons recensé presque 900 établissements régionaux qui ont développé un courant d’affaires avec la Russie (dont les entreprise exportatrices, Ndlr). De nombreuses entreprises, tous secteurs confondus, sont déjà impactées par ce contexte de guerre, qu’il s’agisse d’agroalimentaire, de semi-conducteurs ou d’ingénierie. Nous sommes au cœur des actions menées par la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) et la Région, pour répondre aux entreprises affectées et pour les informer et répondre à leur préoccupations", explique Morane Rey-Huet, président des Conseillers du commerce extérieur Auvergne-Rhône-Alpes.
Et d’ajouter : "Les dirigeants de notre réseau se concentrent sur la sécurité de leurs salariés implantés localement. Côté business, ils sont dans l’attentisme, essayant à la fois de trouver des modes alternatifs de transport pour livrer leurs produits ou de trouver de nouveaux courants d’affaires pour pallier la perte de chiffre d’affaires. Pour l’instant, tout est en stand-by et nous y verrons plus clair une fois que la liste des produits concernés par les sanctions sera définie".
Les Douanes apportent leur expertise
Car actuellement, le ministère de l’Economie affine une liste des secteurs d’activité concernés par les sanctions économiques et financières contre la Russie ainsi que par les mesures restrictives portant sur les exportations. Dans cette dynamique, les Douanes apportent leur expertise pour élaborer avec justesse cette « liste noire » de produits.
"Je n’ose imaginer que l’on puisse interdire l’exportation de confiture en Russie. Il faut travailler intelligemment sur les types de biens et la nomenclature des marchandises par rapport aux restrictions. Si environ 500 entreprises régionales sont impactées directement par l’export, 200 le sont aussi au niveau de l’import", précise Eric Meunier, directeur interrégional des Douanes Auvergne-Rhône-Alpes. (...) La suite de cet article est réservée aux abonnés.