Entre ceux qui souhaitent, ceux qui espèrent, ceux qui sont nommés, ceux qui sont promus ou encore ceux qui sont rétrogradés, l’arrivée du Michelin est l’objet de toutes les attentions, bien entendu du côté des consommateurs, mais surtout du côté des cuisiniers.
Cette année, Rhône-Alpes obtient neuf nouvelles étoiles (comme PACA), juste derrière l’Île-de-France qui en compte dix nouvelles.
Dans le Rhône, il convient de se focaliser sur les deux étoiles de Christophe Roure. Le transfert de son restaurant ligérien, le Neuvième Art, de Saint-Just - Saint-Rambert à Lyon n’a pas eu d’impact négatif. Bien au contraire. Ses deux étoiles lui restent donc attachées. Il n’empêche, cela donne à la capitale mondiale de la gastronomie un troisième restaurant doublement étoilé, aux côtés de Guy Lassausaie à Chasselay et Mathieu Viannay à Lyon même.
La Rotonde (Casino de Charbonnières) rétrograde à une étoile. Même si le nouveau chef, Jean-François Malle commence à prendre ses marques, le départ tourmenté de Philippe Gauvreau est encore présent dans les mémoires.
Cerise sur le gâteau… savoyard
Mais la véritable consécration de cette édition 2015 se situe bien en Savoie, à Saint-Martin-de-Belleville, pour La Bouitte (petite maison en patois savoyard), restaurant de la famille Meilleur. En cuisine, le père René (64 ans) et le fils Maxime (39 ans), autodidactes, ont su, au fil du temps, transformer cette halte de cuisine savoyarde simple et généreuse en une étape gastronomique avec une cuisine du coeur et de référence.
En 1976, René a acquis un champ de pommes de terre avant de construire un petit restaurant à la cuisine familiale dans le style raclettes et fondues. Contre vents et marées, René a réorienté sa cuisine vers la gastronomie. Les débuts ont été difficiles, mais le chef a été persévérant. L’arrivée de Maxime en 1996 portera le duo jusqu’à la première étoile en 2003 et la seconde en 2008. De caractère et de goût, la table sait faire la part belle aux produits locavores et du terroir local, montagnard qui plus est. Tout cela n’enlevant rien à la finesse des saveurs. La délicatesse des mets démontrant que la qualité des produits, une cuisson précise et un assaisonnement juste représentent le triptyque fondamental de la cuisine.
Dotée d’une cave exceptionnelle, d’un service souriant et féminin et de quelques chambres hors catégorie, la Bouitte est devenue une adresse incontournable !
Michel Godet