Michel Sapin, comment jugez-vous l’évolution des pratiques en matière de moralisation des affaires ?
Je constate une transformation profonde des pratiques dans le monde affaires qui s’est effectuée sur le long terme. Aujourd’hui, je pense pouvoir dire que l’éthique n’est pas contradictoire avec le profit.
Quelles étaient les ambitions de vos lois Sapin I et II ?
Si la loi Sapin I (Promulguée en 1993, Ndlr) visait notamment à rendre plus transparents les comptes des partis politiques, à réglementer les activités immobilières ou encore limiter la durée des contrats de délégation de services publics, la loi Sapin II (promulguée en 2016) visait à la mise en place par les entreprises d’actions de prévention et de surveillance de risques de corruption.
Notre dossier spécial "finance et éthique"
"La transparence est une conquête jamais achevée"
Où en est-on aujourd’hui ?
Comme j’ai pu l’exprimer : la transparence est une conquête jamais achevée. Elle est nécessaire à notre démocratie et à notre économie car l’opacité est la mère de tous les soupçons, de toutes les défiances, de toutes les démagogies, de toutes les dérives. Les choses avancent mais ces questions de moralisation des affaires dépassent le cadre français et posent notamment des questions d’extraterritorialité.
À l’échelon mondial, quelle carte des bonnes et mauvaises pratiques se dessine en matière de sécurité financière et de corruption ?
Il y a schématiquement d’un côté un bloc constitué des pays de l’OCDE, un bloc africain et par ailleurs de grands pays comme la Chine et l’Inde. La question de la mise en place de normes internationales reste aujourd’hui un enjeu majeur.
