Lorsqu’en 2013 il découvre les collections, les chutes de tissus, les cartes d’impression, les dessins à l’encre avec toutes les annotations de colorants chimiques, les livres de commandes et toutes les archives de la Maison Martin Morel, créée à Bourg-de-Thizy en 1896 par son trisaïeul, ce jeune descendant d’une lignée d’ingénieurs chimistes qui fabriquaient des tissus imprimés et des cotonnades est séduit par la richesse des motifs et du graphisme de cette époque, par la beauté et la modernité des dessins.
L’entreprise a alors fermé ses portes depuis plus de trente ans, après avoir employé, dans les belles années de l’essor du textile, plus de cent personnes. Il ne reste plus que les bâtiments de l’usine et la maison d’habitation familiale, tous vides et abandonnés par les générations successives. Un exode qui interpelle Emmanuel Foyatier. Son sens de la famille est très fort et son envie d’entreprendre puissante. Diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Paris avec une première expérience professionnelle dans le marketing de luxe, le jeune Lyonnais profite de cette intrusion dans le passé familial pour se lancer et créer une collection de mode féminine, qui sera le reflet d’une histoire tournée vers le futur. « Les tissus de la Maison Martin Morel avaient été pensés pour habiller les femmes. Il était donc logique de recréer cette essence d’origine des motifs. La mode féminine restera un élément central de la marque. »
Aidé par des designers et soutenu par la Fédération française de prêt-à-porter, il conçoit ainsi sa première ligne de vêtements, partagés entre tradition et innovation, élégance à la française et culture mondiale. Quant à la famille, elle accompagne Emmanuel au quotidien. « Elle est fière que les racines ne soient pas perdues et que Maison Martin Morel continue à vivre, après une longue pause. »
En décembre 2013, la nouvelle Maison Martin Morel distribue ses premiers produits : des sweats et des foulards. « Le sweat était sans doute le seul tissu qui n’avait jamais été imprimé dans l’usine Martin Morel », explique le jeune entrepreneur qui s’inspire du passé pour le rendre contemporain. Rapidement suivent les robes, les chemisiers, les pantalons, les accessoires… Il mélange des motifs, ceux des années 1930, géométriques et actuels. « Ils plaisent à tout âge. Mon cœur de cible reste la cliente urbaine qui s’intéresse à la mode, entre 25 et 40 ans. Mais je ne segmente pas, j’ai vendu un sweat à une dame de 82 ans ! »
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