C’est bien simple : on se demande si Alvin Toffler, le désormais octogénaire, ne va pas demander des royalties, lui qui, en 1970, avait popularisé le mot avec son bestseller, Le Choc du futur, vendu à plusieurs millions d’exemplaires. Vous me direz, question antériorité, il y en avait d’autres qui pourraient faire valoir leurs droits : cet éditorial est en effet rédigé le 6 juin, date anniversaire du DDay de 1944 sur les plages normandes, l’occasion de se souvenir que le 1er bataillon parachutiste de choc (BPC) fut créé dans ce contexte avec l’objectif qu’il apporte un soutien aux organisations de la résistance française. Ce 1er BPC sera dissous en 1963. Et puis on aura garde d’oublier que l’expression aussi connut son heure de gloire dans les années 70 du siècle dernier, avec les chocs pétroliers, le premier en 1973, le second – et le plus calamiteux – en 1979. Depuis, le mot était passé à la trappe. Le voilà qui ressurgit donc, mis à toutes les sauces. Ainsi, on relèvera avec malice, alors que l’économie française est en état de choc, que notre bon gouvernement souhaite la relancer avec un choc de compétitivité qui se résume par l’équation suivante : je ponctionne les entreprises de 20 milliards d’euros dans un premier temps, ce qui affaiblit leur compétitivité mais dans un deuxième temps, je leur restitue, sous forme de crédit d’impôt, 20 milliards d’euros pour améliorer leur compétitivité… A Bercy, l’objectif est-il de transformer les chefs d’entreprise en Shadoks ? Heureusement qu’en France, nos chefs d’entreprise sont des patrons… de choc. Le choc fiscal risque de faire plier les classes dites moyennes : premier train de mesures d’augmentation de la fiscalité, puis, celui-ci à peine digéré, rebelote avec le plan de redressement de la branche famille de la sécurité sociale. Qu’on nous comprenne bien : il ne s’agit pas de nier l’ardente obligation d’en finir avec les déficits, mais on peine à comprendre la méthode. Pour arracher le sparadrap, vaut-il mieux le tirer d’un seul coup en une seconde ou bien alors faire durer le plaisir en le faisant petit à petit. Poser la question, c’est déjà y répondre. Et ce d’autant plus que cela va continuer avec ce que l’on vous parie que l’on va qualifier de choc des retraites. Ce sera pour l’automne, et sans nul doute, ce sera un choc frontal : vous avez dit régimes spéciaux ? En attendant, avec le mince espoir que le pire à venir n’est jamais sûr, la France et les Français sont sous le choc.
DT