Editorial - Sacré printemps !

Ouf ! Et comme on est en 2013, on ne peut que remarquer (merci le haut comité des commémorations nationales) qu’il y aura exactement cent ans était créé à Paris, au tout neuf théâtre des Champs-Elysées, le ballet d’Igor Stravinsky, le Sacre du printemps. Cent ans et toujours jeune.
Ce qui motive notre intérêt dans cette affaire, outre la coïncidence de date, c’est que notre région Rhône-Alpes se trouve quelque peu impliquée. Au reste, l’auditorium de Lyon ne s’y est pas trompé en programmant différents concerts à l’occasion de cet anniversaire(1).
La tour Perret, à Grenoble, construite en 1925 à l’occasion de l’exposition internationale de la houille blanche, vous connaissez certainement. Haute de 80 mètres, elle ne passe pas inaperçue. A l’époque, il s’agissait de la plus haute construction réalisée en béton armée : de quoi en faire pour la capitale du Dauphiné ce qu’est la tour Eiffel pour Paris. On rappellera que son sommet est accessible par un ascenseur ainsi que par des escaliers hélicoïdaux. Et bien, Auguste Perret, son architecte, était aussi l’architecte du théâtre des Champs-Elysées, aussi moderniste qu’était révolutionnaire le ballet de Stravinsky qui y fut la première oeuvre représentée.
Et l’on aurait garde d’oublier que la décoration intérieure de ce théâtre, en particulier la coupole, fut peinte par Maurice Denis, celui-là même qui établit une relation étroite avec la Haute- Savoie et Thonon-les-Bains. Le musée du Chablais ne l’a pas oublié en lui rendant hommage l’année dernière (entre le 31 mars et le 10 novembre) par une exposition attractive et passionnante.
A l’issue de la première représentation du Sacre du printemps, un critique écrivit, face à cette oeuvre déroutante : « C’est la composition la plus discordante qu’on a jamais écrite ». L’avènement d’un printemps discordant ? C’est toujours d’actualité, cent ans après, avec un printemps plus enneigé qu’ensoleillé.

DT


(1) Les 11 et 13 avril.