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Editorial - Miction impérative

Vous connaissez la dernière, celle de ce président d’un grand groupe mis sérieusement en difficulté ? Non, il ne s’agit pas de sa retraite chapeau que lui reprochent les bonnets rouges.

ActualitéSociété Publié le ,

Non, il ne s’agit pas d’une liaison inappropriée avec son secrétaire. Non, il ne s’agit pas du manque de transparence des provisions dans les comptes, rendus publics, ou des stock-options dont il bénéficie. Rien de tout cela, somme toute très banal aujourd’hui. En fait, ce qui lui est reproché à ce Pdg, c’est de ne pas avoir informé son conseil d’administration des injections de Botox® qu’il s’était fait faire discrètement dans un pays de l’Europe de l’Est. Il a eu beau préciser (dans un communiqué diffusé aux média) que cette opération relevait de la sphère privée, sans mentionner qu’il s’était remarié récemment avec une jeune personne qui pouvait être sa fille, rien n’y a fait. Et, au comité d’entreprise, les délégués syndicaux sont montés au créneau, déplorant haut et fort cette discrétion et soulignant que l’image du Pdg, c’était l’image du groupe et que cela relevait de la vie de l’entreprise et non pas de la vie privée. Bien évidemment, a suivi un long couplet sur l’absence de transparence dans la gestion du groupe, la dénonciation de la pratique du secret qui remontait à une époque de patronat de droit divin et tutti quanti, on connaît la chanson.
On l’aura compris, cette histoire n’est pas vraie, mais tellement plausible dans une société française qui a oublié Brassens, le bon Georges: au nom de la transparence, devrait-on mettre au grand jour tous nos petits secrets... et en finir, une bonne fois pour toute, avec le secret médical ? Quel intérêt de savoir « qu’une femme du monde... a sournoisement passé, sur son divan de soie, des parasites du plus bas étage qui soit » au chanteur connu ? Quel intérêt de savoir, autre hypothèse d’école, que tel dirigeant d’un laboratoire d’homéopathie ne soigne jamais ses rhumes avec l’Oscillococcinum® ? Ou encore que le patron d’une société de commercialisation de viande halal n’a pas été circoncis ? Ou, pour continuer sur la lancée, qu’un homme politique, plutôt que de porter des couches-culottes, se soit fait raboter la prostate comme des dizaines de milliers de ses congénères ? Vous le voyez, l’homme politique, se trémousser sur scène avec le président des Etats-Unis, à la façon de l’inénarrable héros du livre et du film Forrest Gump (1), avouant in fine «miction impérative»... Là, pour le coup et pour reprendre la phraséologie de l’époque, ce pourrait constituer une «affaire d’Etat».

DT

(1) Le roman, passé inaperçu, était de Winston Groom (1986), le film de Robert Zemeckis avec Tom Hanks dans le rôle principal date de 1994.

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