Et en l’occurrence, puisque de producteurs d’oeufs il s’agit, on reconnaîtra qu’elles ont bien (sémantiquement) raison.
Ces crises de surproduction (provoquant les destructions que l’on sait à Morlaix), on les connaît depuis des lustres et elles sont pour partie liées, modernité de la rentabilité oblige, à la spécialisation des productions. A l’inverse de ce que la sagesse des Anciens enseignait, en rappelant qu’il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier.
Gageons que les producteurs d’oeufs en colère se moquent de telles considérations et que, tout au plus, ils sont prêts à justifier leur action en soulignant que l’on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Et qu’ils pourraient bien, face aux récriminations provoquées par un tel gaspillage, répliquer à leurs détracteurs qu’ils n’ont qu’à aller se faire cuire un oeuf.
Tout se passe en effet pour... eux comme si les oeufs d’or de la poule (ou des poules plutôt) n’étaient pas au rendezvous. Ce qui a tué dans l’oeuf tous leurs espoirs de simplement gagner leur vie par leur activité. De quoi provoquer, chez nos crânes d’oeufs de fonctionnaires, européens ou français, des interrogations qui risquent, avec leur propension à rendre compliqué ce qui est simple, de prendre les proportions du grand débat non résolu de l’oeuf de Christophe Collomb : « Est-ce la poule (surproduction) qui a fait l’oeuf (de la baisse des prix) ou l’oeuf (de la baisse des prix) qui provient de la poule (surproduction) ? »
Quelle que soit la réponse apportée à la question, une chose est sûre cependant : ce sont les agents municipaux qui ont nettoyé les chaussées souillées par les dizaines de milliers d’oeufs. On n’a pas entendu parler de leurs récriminations. Ils n’en ont pas fait un plat, de ces oeufs.
DT
Editorial - Marcher sur des oeufs
On imagine bien que les autorités, comme il est de coutume dorénavant lors de poussées de fièvre sociale, marchent sur des oeufs.
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