« L’extinction du paupérisme », vous savez ce programme plus qu’ambitieux du futur NapoléonIII (qualifié fort peu charitablement par une Lyonnaise de «fatras d’idées despotico-socialistes, bien éloignées de l’idéal d’autonomie personnelle pour tous et démagogiques à vomir»1), l’extinction du paupérisme donc, un but toujours pas atteint, demeure une constante de l’espérance humaine. A toutes les époques. De là à en conclure qu’il vaut mieux baisser les bras, se résigner à ne rien faire, ce serait nier les progrès enregistrés. Et se priver d’un bien beau dessein.
L’abolition de l’esclavage aussi est une lutte cent fois recommencée et qui demeure toujours d’actualité, sous d’autres apparences certes que celles dénoncées par « La Case de l’oncle Tom» de Harriet Beecher Stowe en 1852 aux Etats désunis sur la question, mais bien réelles en dépit des déclarations et en particulier celle, universelle, des droits de l’homme adoptée en 1948 à Paris par l’assemblée générale des Nations Unies. Faut-il en prendre argument pour renoncer? Renoncer à toute action alors même que l’esclavage a beaucoup régressé? Si la disparition totale de l’esclavage n’est pas pour demain, le cantonner pour qu’il demeure le plus marginal possible demeure un bien bel objectif.
L’éradication de la variole, officiellement constatée par l’OMS en 1980, n’a pas été suivie par celle de la rougeole, quand bien même le nombre de décès dus à cette maladie a reculé de 71% entre les années 2000 et 2011 (passant de 542 000 à 158 000). Doit-on, parce que lutter pour faire reculer le nombre de morts de maladie se heurtera toujours à... l’impossibilité de nous rendre immortels (et entre nous, c’est tant mieux...), renoncer à développer la recherche médicale et interrompre la progression en oeuvre depuis plusieurs siècles qui permet au plus grand nombre de vivre plus longtemps en bonne santé ?
Au fond, c’est bien Zénon qui avait raison il y a plus de deux millénaires. Vous vous souvenez de la course du héros grec Achille avec une tortue ? Comme Achille courait vite, il avait accordé cent mètres d’avance à la tortue. Mais il n’a jamais pu rattraper la tortue... parce que le temps qu’il coure ces cents mètres, la tortue avait parcouru un mètre... et ainsi de suite. Du coup, quand Achille atteignait l’endroit où se trouvait la tortue, elle était encore (légèrement) plus loin. Et bien le paradoxe de Zénon, c’est ce que l’on vous propose comme principe d’action pour 2014: que le fait de ne pas atteindre l’objectif n’empêche pas de tout faire pour s’en rapprocher. C’est quand même moins déprimant d’obtenir des résultats, certes partiels, que de rester les bras croisés.
DT
1. Chantal Delsol, dans un article du Figaro d’août 2012.
Editorial - Le paradoxe de Zénon
« L’extinction du paupérisme », vous savez ce programme plus qu’ambitieux du futur NapoléonIII (qualifié fort peu charitablement par une Lyonnaise de «fatras d’idées despotico-socialistes, bien éloignées de l’idéal d’autonomie personnelle pour tous et démagogiques à vomir»1), l’extinction du paupérisme donc, un but toujours pas atteint, demeure une constante de l’espérance humaine.
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