Plutôt confidentielle dans une région davantage associée au Pouilly-Fuissé et autres Viré-Clessé, l'appellation Mâcon-Bray (une centaine d'hectares dispersés sur les communes de Bray, Cortambert, Chissey-les-Mâcon et Blanot) séduit par ses vins typés issus de sols granitiques, argilo-calcaires et marneux. C'est cette heureuse diversité qui a convaincu Peter Gierszewski de s'installer en 2009, lui qui gérait jusqu'à présent une cave à Cluny. Propriétaire du domaine de Thalie, ce vigneron de 39 ans travaille seul et cultive – autre curiosité – plus de rouges que de blancs : un tiers de gamay, un tiers de pinot noir, un tiers de chardonnay. Et aussi un peu de syrah, planté récemment pour produire, en assemblage avec du gamay, un vin de pays de Saône-et-Loire. « Chaque terroir amène sa particularité, tandis que l'assemblage donne un bel équilibre au vin. Alors que le granite délivre plus de fruit et de légèreté, les marnes développent beaucoup plus de structure ».
Plutonique, Balancin, Atout vent... Au total, Peter délivre six cuvées : deux blancs, trois rouges et un crémant. Vinifiés sans intrants et élevés en fûts de chêne, ses vins, 25 000 bouteilles par an en moyenne, sont distribués en vente directe (environ 30 % du chiffre), mais aussi chez les cavistes et restaurants, ainsi qu'à l'export (Suisse, Belgique, Pays-Bas...). Culture bio chevillée au corps, Peter clame son amour pour les vins « vrais », tout en avouant son faible pour sa cuvée Mâcon-Bray rouge les pierres levées : « Les marnes sont des sols assez froids d'habitude, on n'y plante pas le gamay. Mais ici les vignes sont exposées plein sud, les pieds dans le frais et la tête au soleil, ce qui donne des vins trompeurs à la dégustation. C'est une cuvée un peu hors-norme ». Assez concentrés, tendus, ces millésimes s'accorderont parfaitement avec des côtes d'agneau et toutes les spécialités lyonnaises !