En octobre dernier, les représentants de l'appellation clairette de Die étaient contents et fiers de présenter la première livraison de clairette rosé (lire note édition du 28 octobre 2017, page 36), « élaborée par 11 caves sur 25 dès sa première année » (soit 4 % de la production totale de clairette), se réjouissait le président du syndicat de la clairette de Die Fabien Lombard, ayant l'objectif de faire passer cette part à 10 ou 15 %.
Mais patatras ! En date du 12 janvier 2018, le Conseil d'Etat vient d'annuler l'arrêté du 16 novembre 2016 autorisant la production de rosé dans le cadre de l'AOC clairette de Die. C'est l'AOC « concurrente » Bugey Cerdon qui obtient ainsi gain de cause, après s'être déjà opposé deux fois, en vain, à la demande de modification du cahier de charge de l'AOC clairette, et ceci dès le début de l'année 2015. Abondant dans son sens, le Conseil d'Etat a jugé que ce vin effervescent rosé n'était pas présent historiquement dans le Diois et que les ministres de l'Economie et de l'Agriculture « ont commis une erreur d'appréciation en estimant que la condition d'antériorité était remplie et en approuvant ce nouveau cahier des charges ». Une antériorité pourtant revendiquée - à juste titre - par le syndicat de la clairette de Die mais paradoxalement trop… ancienne, la production de rosé effervescent dans le Diois étant antérieur à l'AOC obtenue en 1942 et à la loi de 1957 interdisant toute production hors AOC.
« La décision du Conseil d'Etat remet en cause l'histoire, le travail et le développement économique du vignoble ». Quelque peu sonnés - Fabien Lombard évoque une « douche froide » -, les responsables du syndicat de la clairette de Die réfléchissent à la suite à donner à cette décision. Du point de vue judiciaire, ils n'excluent pas de porter l'affaire devant la Cour européenne de justice. Mais surtout, si l'écoulement du stock - produit avant la décision du Conseil d'Etat - ne devrait pas poser de problème, il s'agit de « trouver une alternative pour 2018 , en relation avec l'INAO et les services de l'Etat », explique le président Lombard : « Si on ne peut continuer le cadre de l'AOC, la solution réside peut-être dans une marque collective, sachant qu'en l'état actuel des choses, avec la loi de 1957, cela n'est pas possible… ». Quoi qu'il en soit, pas question de lâcher le morceau : « Le produit plait, il répond à une demande du consommateur… Il y aura des bulles rosées dans la vallée de la Drôme ! ».