Nouvelle association entre l’acteur Ryan Gosling et le réalisateur Derek Cianfrance, The place beyond the pines n’est pas le caricatural drame hollywoodien auquel on aurait pu s’attendre.
Cascadeur à moto aussi doué dans ses acrobaties qu’il est désoeuvré dans sa vie, Luke Glanton (Ryan Gosling) écume les fêtes foraines de l’état de New York où il se produit dans des numéros spectaculaires et pleins de testostérone.
L’intrépide et narcissique cascadeur se découvre alors un fils et se décide à reconquérir son foyer, la mère ayant trouvé à se consoler dans les bras d’un homme plus mûr et plus stable.
Dans cette tragédie hollywoodienne, tragédie plutôt que drame car il est ici question d’hérédité et de fatalité, le réalisateur (Derek Cianfrance) s’attache dès lors à narrer la vie de ceux qui auront à assumer les conséquences de cette rencontre fatidique entre les deux hommes, tout d’abord l’officier de police Cross luimême et, enfin, leurs fils respectifs. Avec beaucoup de sensibilité, il filme le désoeuvrement de chacun, qu’il s’agisse de questionnement moral ou de quête d’identité. C’est avec un vrai savoir-faire (plan serré, jeu de lumières et d’ombres sur les visages) et la complicité d’acteurs en grande forme qu’il retranscrit toutes leurs peines et leurs turpitudes, comme dans cette terrible scène où l’officier Cross tient dans ses bras le nourrisson de l’homme qu’il a abattu et songe gravement à son fils du même âge. Et même si le fil narratif est dès lors très convenu - vérité qui éclate, désir de vengeance et rédemption finale si chère aux scénaristes US - le spectateur se laissera surprendre par la justesse avec laquelle les acteurs interprètent cette tragédie moderne, bien desservie par l’excellent « story-telling » qui caractérise le meilleur des films américains.
Maxime Fléaux
The place beyond the pines, drame de Derek Cianfrance, avec Ryan Gosling, Bradley Cooper et Eva Mendes.