Et pourtant, le réalisateur Alexander Payne (Sidewyas) a réuni quelques ingrédients tout à fait attirants, en dehors de George, dans toute sa maturité. A commencer par Hawaï filmée de l’intérieur, ce n’est pas si fréquent (depuis Magnum et Tom Selleck !) ; mais aussi des sentiments de haine intra familiaux à l’égard d’une personne en train de mourir (aïe !) ; ou encore des situations cocasses au fil des tribulations d’une petite famille recomposée sur elle-même, après avoir été brinquebalée par les absences d’un père, les frasques d’une mère...Clooney en père de famille déboussolé joue à l’européenne, c’est-à-dire qu’il ne décoche pas une droite à tout ce qui bouge dès qu’il a un problème. C’est peut-être ce qu’il y a de plus plaisant à le voir évoluer, il intériorise : un acteur quoi ! Le côté saga d’une famille hawaïenne nous fait plonger dans les racines de la société locale, et nous en fait comprendre la complexité à l’image de celle de territoires tels que Tahiti ou les Antilles pour nous autres, Français. Payne ne s’appesantit pas sur la question, et c’est plutôt plaisant. Le cinéaste de « Sideways » a réussi à ficeler un scénario à suspens. Il mène et mêle parallèlement l’histoire intime de la famille et celle de l’archipel. C’est très réussi de ce point de vue-là. Cette petite tribu improbable reconstituée par raccroc en quelques jours est attendrissante et drolatique, et tellement américaine. La morale qu’on pourrait tirer de tout cela, c’est qu’on est plus fort et soudé dans les épreuves et qu’une vraie famille américaine est « potato coach ! » (frites et canapé) ou plutôt « ice cream coach !» (crème glacée et canapé) dans le cas d’espèce ! The descendants mène de front comédie familiale et tragi-comédie très américaine, et n’a rien d’un produit pré fabriqué ou prétentieux, c’est déjà pas mal.
Eric Séveyrat