En marge du film, beaucoup de spectateurs ont été bluffés par la capacité de Farhadi, qui ne parle pas le français, à rendre un film plus vrai que vrai dans la langue de Molière, à Paris et en banlieue en 2012. Farhadi, couvert de prix (Oscar, Ours d’Or, César, Cannes…), est iranien, ses acteurs sont français et iraniens. Comment peut-on être Persan ?, se demandait Montesquieu avec le Français moyen. Tahar Rahim (de chez Jacques Audiard) signe au bas de son certificat de grand comédien, mais plus fort encore. Ali Mosaffa, sorte de double acteur de Fahradi, apporte l’ambiguïté de l’homme qui est parti mais qui, contre toute attente, revient avec la sagesse dans ce psychodrame. Avec un prix d’interprétation à Cannes sur ce rôle fort de femme seule entre deux hommes, sa fille (et…une tragédie), Bérénice Béjo (qui a remplacé Marion Cotillard) brise, s’il en était besoin, son image d’actrice un tantinet « nunuche » conservatrice, qui lui colle à la peau. Surtout depuis qu’elle avait donné un cours de féminisme au monde entier, en tant que maîtresse de cérémonie, à Cannes en 2012 : « Je pense qu’il y a des choses que les femmes font mieux, peut-être, que les hommes, il y a beaucoup plus d’infirmières que d’infirmiers. Voilà, le côté maternel, la douceur d’une maman. Maîtresse de cérémonie, il y a un côté comme ça, contes de fée […]. » Comment peut-on être une femme ?
Eric Séveyrat
Le Passé (2 h 10), réalisé par Asghar Farhadi, avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa, Pauline Burlet, Sabrina Ouazani…
