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Cinéma - Le mal par le mal

Malgré l’ambiance glauque et malsaine particulièrement réussie des Salauds, le film de Claire Denis laisse dubitatif.

ActualitéSociété Publié le ,

La grande cinéaste de Chocolat ou de Nenette et Boni (Lion d’argent 1996) est passée à côté d’un grand film digne du meilleur de Chabrol.

Quelques zones d’ombres demeurent dans ce film noir, très noir, présenté dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes en mai dernier. Claire Denis a voulu nous dire que le mal est au-delà de ce que l’on croit dans la spirale vers le pire qu’elle nous décrit. L’idée était passionnante et la surprise de la fin est de taille. Au fil du film, on finit par voir le mal partout (on soupçonne inévitablement l’un de ces vrais salauds d’avoir une relation trouble avec son propre fils et l’on ne soupçonne pas le pire là où l’on va le découvrir). Mais hélas, on reste un peu à distance, car quelques incompréhensions de scénario ou de montage nous laissent interrogatifs, avec quelques soucis de crédibilité (Que signifie la scène de la découverte du vélo de l’enfant et de la mère en pleurs ? Pourquoi la police, pourtant présente dès le début, disparaît totalement du scénario ?).
Reste une Chiara Mastroianni exceptionnelle en mère courage, dans un rôle à l’identité tout aussi étrange que tous les autres personnages dans le film (Qui est cette femme ? Quel est son passé ?). Le seul personnage indemne de la perversion ambiante est le double du spectateur, soit Vincent Lindon dans le film, lui-même spectateur effaré de cet enfer. Le film aurait gagné à demeurer plus linéaire pour que l’on soit vraiment embarqué. Claire Denis a un peu brouillé les pistes, mais peutêtre est-elle allée trop loin en voulant casser quelques normes de narration (flash-back pas toujours bien clairs, ellipses à répétition).
Il n’empêche que la scène de travelling dans les bas-fonds de la drogue, celle du suicide en voiture, puis du transport de la puissante voiture détruite sont particulièrement intéressantes et originales. Le morceau d’étoffe qui flotte dans le vent accroché à la porte de la carcasse de l’Audi dit tout sur le naufrage généralisé des personnages. Claire Denis est un vrai auteur. On aime, mais on aurait voulu que Les Salauds soit mieux réussi.

Eric Séveyrat


Les Salauds, de Claire Denis, avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Julie Bataille, Michel Subor, Lola Creton…

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