Si le résultat est connu, la campagne qui le précéda l’est moins. Ou comment la publicité se mit au service du politique pour parvenir à un « no » couleur arc en ciel.
Le film raconte l’histoire d’un jeune publicitaire, René Saavedra, à qui un membre de l’opposition fait appel pour réaliser la campagne pour le non à Pinochet. Le réalisateur chilien Pablo Larrain, déjà engagé sur la période de la dictature avec ses précédents films, Tony Manero et Santiago 73, Post Mortem, met cette fois en exergue la fin du régime, à travers ce qui peut sembler être les prémices d’une communication reine en politique, voire les dérives du « produit marketing ». Entre victoire du peuple face à son dictateur et victoire de la « com », la frontière est mince. Mais les enjeux d’une telle campagne figurent au premier plan sous leurs différentes formes, dans une guerre d’images que se livrent les deux camps, au sein d’un film qui se tient suffisamment à distance et nous offre un simple regard.
Les termes « produit », « concept » et « droit de l’Homme » s’entremêlent dans une mise en scène et un scenario bien ficelés. L’acteur Gaël Garcia Bernal interprète très justement l’ambiguïté du personnage de Saavedra, entre engagement et professionnel de l’image. Pablo Larrain use de talent dans l’intégration de nombreuses scènes d’archives et entretient le mélange avec la fiction, jouant ainsi sur le rôle et le sens des images elles-mêmes. Si l’on sourit à la vue de certains spots ringards et superflus, que dire des montages de propagande surfaits du camp adverse, à la gloire de Pinochet et de son régime, dont le réalisateur n’oublie pas de rappeler les exactions.
Maxime Deblon
No, drame de Pablo Larrain, avec Gael Garçia Bernal et Antonia Zegers
Cinéma - La dictature... des images ?
No, le titre évoque la réponse du peuple chilien au référendum orchestré par Pinochet en 1988 sur son maintien au pouvoir.
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