Sans invention ni originalité, Eric Rochant aligne les idées reçues et les poncifs du genre dans un thriller d’espionnite, avec un Dujardin cabot qui joue un espion à l’air dépressif de chien battu comme s’il bossait chez France-Télecom, et une Cécile de France impeccable, seul élément frémissant et émouvant de cette mécanique ronronnante.
Jean Dujardin l’acteur accède au statut de star, et, comme l’un de ses prédécesseurs, Depardieu, a « fait du Depardieu », lui commence à « faire du Dujardin », et ça se voit : un peu moins de prises de risques avec son image, un peu moins de rôles gonflés. Mais le bonhomme a de la ressource et il rebondira ! Le joli portrait de femme à deux faces de Cécile de France, en « trader » implacable et fille fragile, ne rattrape pas l’ensemble. Dujardin en Oss 117 avait le mérite d’être drôle et le film subtil. Dans Möbius, l’espion déprime, il erre dans les couloirs de l’ex KGB comme dans l’action, accablé, le dos courbé, pour sombrer dans une sorte de dépression amoureuse mélangée de déprime professionnelle. Conventionnel aussi par les clichés, le film pêche par facilité : Monaco, les yachts, le luxe, des Russes et de l‘argent sale…Dans un genre similaire, Rochant avait beaucoup mieux réussi Les Patriotes, l’un de ses précédents films.
Eric Séveyrat
Möbius, de Eric Rochant, avec Jean Dujardin, Cécile de France, Emilie Dequenne…