Las, le film a toujours ce quelque chose d’agaçant chez Ozon, qui se veut subversif tout en restant un cinéma bien conventionnel. Cela vous fait regretter Les Salauds de Claire Denis, qui, elle, va beaucoup loin dans un sujet qui traite aussi de l’amoralité. François Ozon montre que les « bobos » parisiens et leur progéniture aiment s’encanailler, flirter avec les marges, fumer des joints pendant les vacances, et que cela peut aller beaucoup plus loin. Ici, une jeune fille de bonne famille (Marine Vacth) va se prostituer avec des hommes âgés et argentés dans des hôtels de luxe… Au fond, la société est bien faite : les filles de banlieue se prostituent avec les footballeurs (à quand le film sur l’affaire Zahia ?), les prostituées de haut vol avec les grands politiques (l’affaire « DSK » est en préparation avec Abel Ferrara et Gérard Depardieu) et les filles de médecins parisiens – dans Jeune et Jolie – se prostituent avec de vieux messieurs qu’elles croisent au théâtre avec leurs parents. La hiérarchie sociale est respectée. Restent quelques pépites dans le film, comme l’apparition de Charlotte Rampling et la réplique de la jeune fille : « Je me déshabille ou vous voulez parler ? ». Ou encore la scène du psychanalyste de la jeune Isabelle (le vrai Serge Hefez dans le film), à qui la jeune fille demande : « C’est combien ? ». Le psy répond : « C’est 70 euros ! ». La jeune prostituée : « C’est pas cher ! ».
Eric Séveyrat