Rebecca Zlotowski signe un drame, un quasi thriller, tout à fait réussi dans un monde très peu, voire jamais utilisé dans le cinéma français. La cinéaste a tourné les scènes d’intérieur de centrales en Autriche, alors que les protagonistes sont censés travailler au plus près des réacteurs de Cruas et de Tricastin dans la Vallée du Rhône, qui a servi de décors pour les extérieurs (EDF n’est jamais citée). Pour cette raison mais surtout parce que c’est un bon film, Grand Central mérite le détour. Pourtant, rien de nouveau sous le soleil dans ce scénario qui peut rappeler celui de Casque d’Or de Jacques Becker sorti en 1952, auquel Grand Central rend hommage à travers le héros, Gary « Manda » (Tahar Rahim), nommé ainsi pour évoquer le Jo « Manda » que jouait Serge Reggiani au côté de Simone Signoret. Ainsi que dans Casque d’Or et nombre d’autres belles histoires filmées, l’amour, sous la menace de la mort, est plus beau, plus cher à ceux qui le vivent. La scène de fin est un peu abrupte mais le suspense est bien préservé. De petits boulots en petits boulots, Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il tombe amoureux de Karole (Léa Seydoux), la femme de Toni (Denis Ménochet). L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace. L’univers industriel et hautement toxique de la centrale tranche avec les rives bucoliques du Rhône en plein été. La sensualité de Léa Seydoux et de Tahar Rahim, filant l’amourette dans les hautes herbes, coexiste avec l’ambiance mortifère des forçats du nucléaire qui travaillent au risque de leur santé pour de petits salaires. Mais le charme du cinéma opère. ■■Eric Séveyrat
Cinéma - Germinal dans le nucléaire
« Sans nous, ils n’auraient pas l’électricité ! », se rassure Gilles, un ouvrier du nucléaire (excellent Olivier Gourmet) comme pour se persuader qu’il a une mission supérieure.
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