Le milieu de la drogue, de la violence, de l’exclusion, de la marginalité et de la barbarie qui en découle, est décrit par le menu et sans concession, pendant deux heures. Et, paradoxalement, le film coule comme un mélo.
« Ill Manors », titre intraduisible et non traduit par la production, se déroule dans le sud de Londres, à l’orée des jeux olympiques de 2012, « dans l’Angleterre de James Cameron » comme le dit le film. Ça se passe là, mais l’action pourrait avoir Marseille pour décor, Grenoble- Echirolles ou Grigny-la-Grande-Borne. Trafics, luttes de territoires, règlements de comptes. Le destin de ceux qui vivent là est simple : le trafic pour les garçons, le trottoir pour les filles, et la drogue pour tout le monde. Ben Drew a fait le choix de l’explication de texte dans des passages filmiques sous forme de clips individuels sur ses personnages. Le cinéaste « slame » en voix off les enfances volées, violées, déchirées, voire l’absence d’enfance de ses personnages. Ceci n’excuse pas le crime et la délinquance, mais cela peut expliquer… Ben Drew n’a pas de complaisance, il a de la bienveillance. Contre toute attente, il a bâti une sorte de mélodrame, où les mauvais garçons ne sont pas ceux que l’on croit, un monde où les plus fourbes ont les sourires les plus enjôleurs. Le rappeur trentenaire Ben Drew a laissé de côté pour un temps son groupe Plan B, pour décrire son monde dans un cinéma plus « policé », plus « accessible » que les clips rap. Il se dit sous l’influence de cinémas de la veine de La Haine de Mathieu Kassovitz et de Taxi Driver de Scorcese. Une façon de transmettre au public l’idée d’un peu d’humanité dans un milieu âpre et impitoyable.
Eric Séveyrat
III Manors, un film de Ben Drew, avec Riz Ahmed, Ed Skrein, Natalie Press, Anouska Mond, Lee Allen....
Cinéma - Apre et humain
Le premier film du rappeur britannique Ben Drew est plutôt une réussite.
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