Les amants passagers, son dernier film, reprend tous ces ingrédients mais ne convainc pas.
Absurde est l’adjectif qui qualifierait le mieux le nouveau film de Pedro Almodóvar, Les amants passagers. Absurde scénario où les passagers de la classe économique d’un vol à destination de Mexico sont drogués à l’aide de décontractants musculaires pour éviter un effet de foule à l’annonce d’un problème technique avec un train d’atterrissage. Absurde économie espagnole qui a financé à hauteur de centaines de millions d’euros des aéroports régionaux pour lesquels n’existaient ni l’offre ni la demande. Absurdes protagonistes principaux enfin, caricatures de névrosés et de cas cliniques. Tueur à gage, maîtresse SM, homme d’affaires véreux, voyante illuminée et hôtesses complètement folles, dont Almodòvar brosse les portraits sans aucune nuance. Pourtant, les métaphores sont claires quant à la situation économique et sociale de l’Espagne, et même prometteuses, au début du film. Les passagers économiques (le peuple) sont drogués et endormis et l’avion (l’Espagne) tourne en rond dans le ciel sans pouvoir se poser tandis qu’en classe affaires, l’on vit ces dernières heures angoissantes à grand renfort d’Agua de Valencia, de mescaline et de sexe débridé. Mais la critique n’est pas l’objet de cette comédie d’Almodòvar qui paraît ne pas trop savoir quoi faire dans cet avion. Son style est bridé et le huis-clos semble l’étouffer et l’empêcher de développer plus à fond ses personnages. Du coup, il ne fait qu’illustrer des dialogues enlevés et l’on croit parfois assister à une retransmission de café-théâtre où le verbe prime sur la mise en scène. Le cinéaste cherche à retrouver son premier cinéma, fait à l’arrache, provocant et sexuel, mais les moeurs ont évolué depuis ses courts-métrages des années 1980 et les scènes de sexe homosexuelles, somnambules ou extra-conjugaux semblent réchauffées, du déjà-vu. Résultat, l’ennui guette le spectateur dès le premier quart d’heure et les sourires restent crispés.
Maxime Fléaux
Cinéma - Almodóvar explore l'absurde
L’absurde, la comédie, le sexe et la marginalité ont guidé les premiers pas de Pedro Aldmodóvar dans le cinéma.
Publié le , Partager :
Articles similaires