Arrivé à la fin de l'année dernière à la présidence de France Chimie AURA, où il a succédé à Frédéric Fructus, Jérôme Geneste n'aura pas le loisir de savourer une prise de fonction en douceur.
Poids lourd de l'économie régionale (760 établissements, plus de 32 000 salariés directs, 12 Md€ de CA et 500 M€ d'investissement annuel), la chimie n'a pas échappé au coup d'arrêt qui a frappé l'ensemble de l'industrie. Mais elle a limité les dégâts. "À fin 2020, tous secteurs confondus, nous enregistrons une baisse d'activité de l'ordre de 10 %", indique Jérôme Geneste.
Brutale au début du premier confinement, avec un recul estimé à 25 %, la chute a été progressivement amortie. Avec cependant des évolutions contrastées selon la nature des activités exercées. "Très vite, certaines de nos activités ont été considérées comme essentielles. Nous sommes en effet au cœur des enjeux de santé et de sécurité, puisque nous alimentons la pharmacie, l'agroalimentaire, les produits détergents…", poursuit-il. D'autres en revanche sont totalement à l'arrêt ou quasiment.
Situation contrastée
Une situation qui ne devrait guère changer en 2021 selon le président de France Chimie AURA. Sans surprise, au premier rang des sites qui sont le plus fortement impactés on retrouve ceux qui travaillent avec l'aéronautique. A commencer par Hexcel, unité la plus emblématique sur la plateforme chimique de Roussillon. Pour 2021, la visibilité est quasiment nulle. Mais le site, qui travaille pour Airbus et Boeing, est stratégique pour la filière et toutes les solutions seront utilisées pour le sauvegarder.
"A un moment donné, cette activité redémarrera et il n'est pas question de laisser échapper les compétences", analyse Jérôme Geneste. Les entreprises qui travaillent pour le marché de la cosmétique se retrouvent un peu dans la même situation. S'il n'est pas totalement à l'arrêt, il a énormément ralenti en raison du confinement, de la fermeture des points de vente et du développement du télétravail. Certains sites devraient donc réduire leurs effectifs pour s'adapter à la nouvelle donne.
En revanche, d'autres branches vont globalement bien et portent l'activité des chimistes qui travaillent avec elles. "C'est notamment le cas de l'agroalimentaire, des produits de la détergence et des principes actifs pharmaceutiques, détaille Jérôme Geneste. Quant à nos entreprises qui travaillent avec le bâtiment, elles se sont certes arrêtées au début du premier confinement, mais elles sont reparties très fort ensuite. Pour toutes ces unités, la reprise a été suffisamment forte pour que nous arrivions à un rattrapage partiel du retard pris, voire total pour certaines. Et 2021 ne devrait guère différer de 2020."
La chimie entend relever le défi de l'environnement
« Le défi de l'environnement et du verdissement des activités est une question à laquelle personne n'échappera », affirme Jérôme Geneste. Dans l'industrie chimique, la question de la « décarbonation » de l'économie hexagonale est depuis bien longtemps un sujet de réflexion. Car l'industrie chimique sera un acteur incontournable pour relever ce défi. « On ne fera pas d'éoliennes, pas de panneaux solaires, pas de véhicules électriques sans l'industrie chimique », souligne le président de France Chimie AURA. Dans le même temps, la chimie s'applique à « décarboner » ses propres process. En diminuant sa consommation d'énergie et en créant des procédés moins énergivores. « Le challenge des 3 à 5 ans à venir c'est de « décarboner » notre énergie tout en restant compétitifs », confirme-t-il. Un travail déjà bien engagé et soutenu par les pouvoirs publics. Ainsi, dans le cadre du plan de relance, la plateforme de Roussillon a bénéficié d'une aide de l'État pour décarboner à hauteur de 75 % la production de l'énergie. « C'est la première plateforme européenne qui affichera un tel niveau d'énergie « décarbonée » une fois le programme bouclé », souligne Jérôme Geneste.