Un rêve de femmes d’un quartier populaire et cosmopolite, qui s’est transformé en véritable petite entreprise associative. Tout commence au début des années 1990 au centre social du Grand Vire de Vaulx-en-Velin avec un groupe de paroles de femmes, d’origines diverses, qui viennent là pour se rencontrer, échanger et partager quelques instants de leur quotidien. Issues de cultures, de religions et de langues différentes, elles se rassemblent autour d’un point commun : la cuisine. Elles préparent alors des spécialités de leurs pays et les vendent aux habitants du quartier, l’argent récolté étant destiné à payer les activités des enfants. Mais ces femmes venues du Maghreb, du Vietnam, d’Afrique Noire ou de l’Ile Maurice sont confrontées à la réalité économique et à la nécessité d’avoir une activité rémunérée. L’ASSOCIATION PREND SON ENVOL En 1997, leur activité bénévole se structure et elles se constituent en association, avec le soutien de l’Opac de Lyon qui leur prête un local au coeur du quartier. Cannelle et Piment se professionnalise, des salariés sont formés, mais la convivialité et la solidarité sont toujours aussi fortes. « L’aspect social de ce projet est primordial. Nous voulons privilégier le dialogue, l’intégration, la mixité sociale, la diversité culturelle », explique Haïfa Hannachi, qui cuisine depuis 1996, avec une joie de vivre contagieuse. La curiosité pour les cuisines du monde et la mise en place d’animations ponctuelles ou de soirées provoquent un essor de l’association qui doit répondre à une demande croissante de la clientèle. Fin 2012, Cannelle et Piment déménage alors pour s’agrandir et s’installe dans un local de 200 mÇ qui lui permet d’obtenir un agrément sanitaire. Un soutien actif et financier de l’Opac du Rhône, de la Ville de Vaulx-en- Velin, de la Région Rhône-Alpes et de nombreux partenaires permet l’ouverture d’un vrai laboratoire où six cuisinières s’affairent à préparer des samoussas, accras, keftas, feuilletés, légumes farcis et autres spécialités du monde. Autant de mets qui seront livrés dans un rayon de cent kilomètres pour un simple déjeuner en solitaire ou pour une réception de 750 personnes. Rien n’effraie Haïfa : « Chez nous, c’est culturel, on est habitués aux mariages avec 500 personnes ! » Pour ces grands événements, Cannelle et Piment fait appel à des extras et compte sur ses fidèles bénévoles. Ainsi en est-il de Juliette, réfugiée politique irakienne, pour qui l’association a été un tremplin dans sa vie en France et qui n’hésite pas à mettre la main à la pâte dès qu’elle le peut. Une belle occasion également pour venir raconter quelques anecdotes dans une atmosphère chaleureuse.
Lire la suite dans le Tout Lyon Affiches n° 5053 du samedi 15 juin 2013