On peut accorder à Laurent Wauquiez le mérite de la constance dans le discours. En matière de budget, le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes avance chaque année ses pions avec le même message simple – simpliste diront ses opposants – «la Région Auvergne-Rhône-Alpes est la mieux gérée de France ».
Entouré de nombreux élus de la majorité, Laurent Wauquiez a présenté jeudi 16 décembre les lignes de force du budget primitif 2022, adopté en assemblée plénière plus tard dans la journée.
Après avoir égratigné l’Etat et les coupes dans les dotations diverses évaluées à 12,4 millions d’euros (M€) pour l’année à venir, Nicolas Daragon, vice-président délégué aux finances, à l’administration générale et aux ressources humaines, a évoqué "un budget d’investissement inédit".
"Un budget entièrement tourné vers le soutien à la relance de l’activité économique"
Avec 1,383 milliard d’euros, il s’affiche en hausse de 124 M€ par rapport à 2021. Une augmentation ininterrompue depuis 2015 (856 M€). Dans le détail, 360 M€ seront dédiés à l’enseignement et en premier lieu aux lycées, 270 aux transports, 265 aux actions économiques ou encore 181 à l’aménagement du territoire.
"C’est un budget entièrement tourné vers le soutien à la relance de l’activité économique dans notre région. Et en parallèle, nous préservons un haut niveau d’épargne brute à 763 millions d’euros, tout en commençant déjà à réduire la dette…", a souligné Nicolas Daragon.
"On renforce aussi sur des compétences qui ne sont pas celles de la Région avec des investissements utiles, par exemple en soutien au système de santé dans les territoires ruraux" , a-t-il précisé.
Un plan de relocalisation lancé
"L’objectif de ce budget, c’est de faire en sorte que notre région soit la première de France à sortir de la crise Covid, par l’emploi, le dynamisme économique", a résumé pour sa part Laurent Wauquiez, prenant des accents plus politiques.
"Mais pour ça, il faut une gestion saine, une épargne qui permette d’investir pour l’avenir. Auvergne-Rhône-Alpes est une exception alors que tout le monde a basculé dans le « quoi qu’il en coûte », que l’Etat comme les collectivités sont pris d’une frénésie et jettent l’argent par les fenêtres", a enchainé Laurent Wauquiez, faisant aussi référence à la bonne notation confirmée cette semaine par l’agence Standard & Poor’s.
"Auvergne-Rhône-Alpes est la seule région française à bénéficier d’une telle confiance. Ce n’est pas un concours de beauté, mais quand on va voir les banques c’est plus simple", a-t-il glissé.
Une logique de gestion qui doit notamment servir l’objectif primordial de la relocalisation en Auvergne-Rhône-Alpes. Dès 2022, la Région compte appuyer sa stratégie sur deux piliers : un nouvel outil foncier pour maitriser les terrains, un accent mis sur la formation pour un recrutement de proximité.
Les oppositions pointent du doigt un budget en trompe l’œil
Ce n’est pas une surprise, les groupes d’opposition sont montés publiquement au créneau avant même l’assemblée plénière. Premiers à dégainer au gré d’une cinquantaine d’amendements, les élus écologistes ont tiré à boulets rouges sur "un budget d’austérité qui sabre les services publics" selon Axel Marin, co-président du groupe « Les écologistes » à la Région.
"Si le niveau d’investissement est correct, les choix sont mauvais et ne répondent ni à l’urgence sociale ni à la crise écologique. On continue d’investir sur les déplacements routiers, les canons à neige, les aides aux entreprises sans critères suffisamment précis…", a-t-il taclé.
Fabienne Grébert, co-présidente du groupe, s’est montré dubitative quant à la mise en œuvre d’un plan de relocalisation. "Nous sommes favorables à la relocalisation mais il faudrait que l’on garde la maitrise foncière et ne crée pas de concurrence avec l’action des collectivités locales. Sans oublier qu’en matière de formation, nous sommes très inquiets quant aux orientations actuelles."
Les écologistes ne sont pas les seuls à critiquer ce budget primitif 2022. Le groupe « Socialiste, écologiste et démocrate » a lui aussi déposé une série d’amendements afin de "ne pas rester dans l’opposition stérile".