Comme (presque) toujours, Maguy Marin frappe fort avec Ligne de crête. Tandis que les lumières d'un photocopieur balaient la scène, le son d'une machine industrielle envahit l'espace.
©Compagnie Maguy Marin
Cette « musique » cadencée par Charlie Aubry va rythmer toute la pièce, entêtante et violente au point que certaines personnes poussent un ouf de soulagement quand elle s'arrête, marquant la fin de cette violente charge contre notre société. Têtue, Maguy Marin poursuit sa quête d'un art « politique » en saturant le plateau de déplacements mécaniques et d'objets en tous genres.
Des pans de plexiglas délimitent des espaces, figurant des petits bureaux ouverts au regard que vont arpenter les six interprètes tout au long de la pièce. Téléphone cellulaire collé à l'oreille, six femmes et hommes en tailleurs colorés et costards cravate, ne vont faire qu'accumuler des produits dans leur « casier » personnel tout en grignotant des chips jusqu'à engorgement complet de la scène et immobilisation totale.
Le procédé est répétitif et radical mais il résonne comme une métaphore limpide du gaspillage organisé et de la déshumanisation progressive. Rarement, Maguy Marin a été aussi loin dans sa révolte qui sonne comme un cri d'alarme, mais elle l'avait dit la veille, « Je ne suis pas là pour faire plaisir ».
Une noirceur qu'on retrouve en filigrane dans la reprise de la pièce-culte de la compagnie belge Peeping Tom, 31 rue Vandenbranden, qui a changé de numéro pour l'occasion (la pièce originale s'appelait 32 rue Vandenbranden) mais bien adoucie par la beauté des images et les souvenirs qu'évoque la bande-son.
À souligner, l'excellence des danseurs et danseuses du Ballet de l'opéra, carrément bluffants dans un univers à l'opposé de leurs codes habituels.
Biennale de la danse, jusqu'au 30 septembre, www.biennaledeladanse.com