La Région Auvergne-Rhône-Alpes a officialisé lundi 22 mars le lancement de son fonds souverain régional, premier du genre en France. Géré par Siparex, groupe leader du capital-investissement, ce fonds sera présidé par Laurent Fiard, dirigeant de Visiativ et ex-président du Medef Lyon-Rhône. "La Région fixe la ligne stratégique, mais il ne faut pas qu'il existe d'interférences politiques", a précisé Laurent Wauquiez, président LR de la collectivité.
Ce véhicule d'investissements, de renforcement des fonds propres, devrait rapidement réunir une enveloppe de 100 millions d'euros abondée de façon paritaire par des fonds publics et privés (banques, assurances…). Il s'inspire de démarches existantes en Allemagne ou Italie. S'il s'adresse en premier lieu aux PME, une part de ce fonds sera toutefois réservée aux TPE. Les premières opérations débuteront dès le 1er avril.
En @auvergnerhalpes, nous lançons le premier fonds souverain régional de France.
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) March 22, 2021
L'objectif ? Sortir de la dépendance étrangère, renforcer notre tissu industriel régional et créer des emplois. J'en suis convaincu : notre souveraineté industrielle est notre avenir. pic.twitter.com/KHKD3La1aZ
Un fonds "défensif et offensif"
L'objectif est double, "à la fois défensif et offensif" selon Laurent Wauquiez. Il s'agit d'une part de protéger les entreprises au moment de la sortie de crise du Covid, alors que les taux d'endettement ont augmenté à la faveur de la multiplication des PGE (prêts garantis par l'Etat). Et ainsi de couper l'herbe sous le pied à certains investisseurs.
"Il ne faut pas que nos entreprises deviennent des proies. Il faut préserver le capitalisme familial qui fait l'Adn de notre région. Je préfère qu'un fonds régional mette de l'argent dans nos emplois plutôt qu'un fonds qatari ne vienne racheter nos entreprises", a illustré Laurent Wauquiez ce matin depuis Lyon, à l'occasion d'une présentation éminemment politique dans la perspective des Régionales.
"La crise du Covid est une grande leçon. On a vu la dépendance française vis-à-vis de la Chine pour les masques, on n'a pas de vaccin, on paie trop cher et depuis trop longtemps cette désindustrialisation. Or, nous sommes la première région industrielle de France, la seule avec l'Ile de France qui soit dans le vert à ce titre. On a cette responsabilité de montrer que l'on peut être le territoire économique dynamique du pays", a-t-il insisté.
S'adresser directement aux épargnants, l'étape suivante
La création de ce fonds souverain régional ne représente qu'une première étape dans la stratégie de Laurent Wauquiez, qui aimerait pouvoir s'adresser directement aux épargnants.
"Nous souhaitons proposer un produit tourné vers l'épargne. Aujourd'hui, il existe dans ce pays un niveau d'épargne massif qui ne sert à rien, il faut trouver des moyens de le drainer vers le soutien à l'économie. Il est essentiel d'avoir une traçabilité quand on met de l'argent à la banque. Savoir que son argent peut servir à défendre les entreprises et les emplois locaux, cela devrait séduire beaucoup d'épargnants", a estimé le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Mais pour atteindre cet objectif, encore faudra-t-il convaincre l'Autorité des marchés financiers (AMF), habilitée à distribuer les précieux agréments. "J'y crois fortement", assure Laurent Wauquiez, désireux d'ancrer une forme de préférence régionale dans les consciences et les mentalités.
Qui sont les contributeurs ?
- Région Auvergne-Rhône-Alpes : 25 millions d'euros
- Bpifrance : 10 millions d'euros
- Crédit Agricole : 10 millions d'euros
- Caisse d'Epargne : 10 millions d'euros
- Banque populaire : 7,5 millions d'euros
- L'Auxiliaire, assurance BTP : 5 millions d'euros
- Apicil : 1 million d'euros
- Groupama : 1 million d'euros
- Medef Auvergne-Rhône-Alpes et investisseurs : 500 000 euros.
- L'Etat s'est par ailleurs engagé à verser 30 millions d'euros dans le cadre du Plan de relance.