Officiellement, ATC Tannery Chemicals a été créé en 1973, soit deux ans avant l'arrivée aux commandes de Jean-Pierre Gualino. Pour autant, c'est bien sous la présidence de ce dernier, qui a depuis laissé la direction de l'entreprise à ses deux fils, Jean-Baptiste et Pierre-Antoine, que l'entreprise a pris son envol. « Lorsque je l'ai reprise, c'était une microentreprise qui employait 3 personnes, confie celui qui préside le Centre Technique du Cuir depuis 2008. Je l'ai installée à Montanay en 1991 et nous avons débuté une activité de production en 1992. C'est d'ailleurs cette étape fondamentale qui nous a permis de prendre une autre dimension. »
Vingt ans plus tard, ATC Tannery Chemicals emploie en effet 130 personnes et réalise 25 M€ de chiffre d'affaires. Entre temps, l'entreprise s'est dotée d'une deuxième usine à Trévoux, spécialisée dans la synthèse organique, avant de prendre possession d'une autre unité de production en Inde, à Pondichéry. « Elle réalise des produits intermédiaires, que nous ne pouvons pas fabriquer en Europe, mais que nous rapatrions ensuite en France, puisque tout part de Montanay. Toute la valeur ajoutée est ici : R&D et production », insiste Jean-Pierre Gualino.
Quasiment seul acteur français sur son marché, ATC Tannery Chemicals doit en revanche faire face à une concurrence internationale où se côtoient des géants de la chimie, des ETI allemandes et de nouveaux entrants asiatiques. Ce qui n'empêche pas l'entreprise de réaliser l'essentiel de son chiffre d'affaires à l'international. Pour relever ce défi, elle s'appuie sur une R&D dynamique, où travaillent au quotidien 7 personnes.
« Nous investissons tous les ans 5 % de notre chiffre d'affaires dans l'innovation, précise Jean-Pierre Gualino. Nous faisons de l'innovation produit, mais nous contribuons aussi à améliorer les process de nos clients, c'est-à-dire les tanneries du monde entier. » En France, elles sont encore une quarantaine, qui ont pour la plupart été rachetées par les grands groupes industriels comme Vuitton, Hermès, Chanel… Des entreprises prestigieuses du luxe, qui veulent avant tout sécuriser la qualité de leurs approvisionnements.
Bien qu'elle ne pèse aujourd'hui que 1 % du marché mondiale, les dirigeants de la PME de Montanay regarde,t l'avenir avec optimisme, convaincus qu'il y a toujours moyen de développer de nouveaux marchés géographiques. « Nous vendons déjà dans 45 pays, ce qui est plutôt bien pour une PME de notre taille, mais il y a encore des pays à développer. Ainsi actuellement nous travaillons la Mongolie, l'Ukraine…. Il y a des marges de croissance sur ces marchés complémentaires que nous sommes en train d'activer », affirme Jean-Pierre Gualino.
Jean-Pierre Gualino : « Nous réalisons 95 % de notre chiffre d'affaires à l'export »
Vice-président de ATC Tannery Chemicals
Que représente l'international dans l'activité d'ATC Tannery Chemicals ?
Nous réalisons aujourd'hui 95 % de notre chiffre d'affaires à l'export. La Chine est notre premier marché, avec 30 % de nos ventes, puis viennent la Corée du Sud, avec 18 à 20 %, le Brésil, l'Inde, la Thaïlande … et enfin la France. C'est une tendance historique, puisque l'export est devenu majoritaire dans nos activités avant la fin des années 80.
Le contexte international pourrait-il vous amener à revoir votre stratégie ?
La France étant notre pays et notre marché d'origine, il n'y a aucune raison d'en sortir totalement. Mais les choses évoluent néanmoins. Tout d'abord parce que la Chine, qui veut moins d'industrie de main-d'œuvre comme la tannerie, produit moins. En revanche, le Vietnam monte très fort dans l'industrie du cuir, notamment sur les marchés de la chaussure et de la maroquinerie. Nous avons un agent au Vietnam et notre chiffre d'affaires augmente dans ce pays. Dans le même temps d'autres pays progressent également : le Cambodge, le Laos, la Birmanie…
L'Asie est donc un débouché naturel pour vos activités ?
Oui, en effet, mais ce n'est pas le seul. L'Afrique, avec l'Éthiopie et le Kenya notamment, connaît également une belle progression, même si cela reste embryonnaire. C'est déjà un vivier de matières premières très important et désormais elles sont traitées sur place, alors que précédemment elles partaient à l'étranger. Cela participe de la réindustrialisation du continent.