Des solutions sur-mesures pour une couverture optimisée
Face aux nouveaux risques et à la judiciarisation de l'économie, les entreprises ne sont pas toujours bien protégées. Même sur des risques classiques, des contrats inadaptés peuvent mettre en péril la pérennité des activités. Dans ce contexte, la mission de conseil des acteurs de l'assurance est primordiale et devrait encore se renforcer avec la Directive sur la Distribution d'Assurances.
« Le marché rhônalpin de l'assurance pèse 21 Md€ dont 6 Md€ de chiffre d'affaires en biens et responsabilités, 2 Md€ en assurance maladie et 13 Md€ en assurance-vie et capitalisation. Nous n'avons pas de données précises sur le marché de l'assurance des entreprises, mais nous pouvons estimer qu'il représente environ 55 % du marché global, soit 11,5 Md€. Les primes perçues en provenance des entreprises sont issues des assurances de biens et responsabilités, des programmes de santé et prévoyance collectives et des différents dispositifs de retraite des chefs d'entreprises et de leurs salariés », expose Eric Lamouret.
Ces derniers mois, le président du Sycra, syndicat régional des courtiers d'assurance, a eu fort à faire pour sensibiliser ses adhérents aux deux évolutions majeures à venir : la Directive sur la Distribution d'Assurances, qui entrera en vigueur le 1er octobre 2018, vise à renforcer la protection des clients et à harmoniser les règles applicables à tous les distributeurs, et le règlement général sur la protection des données, qui sera mis en oeuvre au 25 mai 2018, vise à mieux protéger les données personnelles. Ces évolutions, loin d'être anecdotiques, accentue la mission de conseils dans le secteur des assurances.
« Notre valeur ajoutée est renforcée car notre rôle est de construire une solution avec la meilleure adéquation entre un besoin et une offre et de prouver la pertinence de la solution », affirme Eric Lamouret qui insiste sur la nécessité de proposer du sur-mesure aux entreprises. « Il faut pouvoir s'imprégner de l'écosystème du client avant d'établir une offre de service. Le travail d'ingénierie en amont est primordial et conduit à une spécialisation dans le courtage. Aujourd'hui, nos structures s'organisent par pôle de compétences et deviennent multi-spécialistes », analyse-t-il.
D'autant plus dans un environnement où de nouveaux risques émergent. Si les entreprises sont plutôt bien informées et donc couvertes sur les risques classiques, elles doivent encore s'acculturer aux nouveaux risques. « Les professionnels sont assez vulnérables sur les questions de cyber-sécurité et de règlement RGPD », estime Eric Walschots, correspondant régional de la Fédération Française de l'Assurance. Et c'est une erreur de penser que seules les grosses entreprises sont touchées. « En Auvergne, une quincaillerie n'a pas pu surmonter une cyber-attaque et reprendre ses activités », illustre Eric Walschots.
Pour être bien protégée, une entreprise doit avoir pour premier réflexe de faire régulièrement le point sur ses assurances. « La nature et la valeur des activités d'une entreprise sont susceptibles d'évoluer. Il est alors important d'adapter les contrats pour faire face à l'élargissement des activités, pour revoir les exclusions de garantie… », conseille le correspondant régional de la FFA. « Les entreprises ont parfois tendance à être attirées par un prix sans prêter assez attention à d'autres critères essentiels comme les garanties et les exclusions », met en garde Eric Lamouret. S'il est difficile d'évaluer le budget assurances, le spécialiste estime qu'une PME doit compter entre 1 % et 2 % de son chiffre d'affaires annuel, en fonction de son secteur d'activité, pour une couverture optimisée.
En pleine mutation, notamment en raison du développement des data, de l'apparition de nouveaux risques, d'un besoin accru de personnalisation des solutions…, le secteur est sans doute à un tournant. Pour anticiper l'avenir et réfléchir ensemble aux évolutions, les acteurs de l'assurance prépare le lancement, avant la fin de l'année, d'un cluster Assurance.
Des insuffisances face aux risques environnementaux et de cyber-attaques
Jacky Bourgoin, responsable du Pôle Entreprises de Groupama Rhône-Alpes-Auvergne, pilote un marché qui représente 25 % du chiffre d'affaires global de l'assureur.
Les entreprises sont-elles suffisamment conscientes des risques et sont-elles bien assurées ?
Sur les risques classiques qui concernent les bâtiments, les véhicules, la responsabilité, les entreprises ont une bonne connaissance des risques et les prennent bien en compte. En revanche, certains risques sont moins bien assurés, principalement les risques liés à l'environnement, la responsabilité personnelle du dirigeant et la cyber-sécurité. Nous avons une mission de pédagogie à mener car nous sommes très orientés prévention. Nos clients peuvent d'ailleurs solliciter nos experts pour une analyse de risque et des conseils personnalisés.
Quelles peuvent-être les conséquences d'une couverture insuffisante ?
Le dépôt de bilan est un risque réel. Prenons l'exemple d'un sinistre incendie. Si l'entreprise n'a pas souscrit une assurance perte d'exploitation, elle ne pourra pas faire face à ses frais fixes pendant sa période d'inactivité et ne sera pas en mesure de redémarrer. La mise en cause personnelle du dirigeant est aussi une vraie menace car les salariés, les créanciers, les clients… peuvent se retourner contre le chef d'entreprise, sur son patrimoine privé, pour être indemnisés. Sur toutes les questions réglementaires, il ne faut pas négliger le risque pénal.
Quelle est la bonne approche en matière d'assurances ?
Pour les risques classiques, les contrats standardisés apportent des garanties suffisantes. Mais une entreprise confrontée à une évolution de ses activités et à une augmentation de ses effectifs doit consulter son conseiller pour ajuster et mettre à jour ses contrats. Si besoin, un audit des risques peut être effectué pour bâtir une couverture optimale. Dans certains domaines, il faut faire preuve de davantage de vigilance. Ainsi, certains risques particuliers pèsent sur les entreprises des secteurs de l'agro-alimentaire, de la chimie ou du bâtiment. Concernant la protection sociale, l'ANI a posé un cadre, mais nous sensibilisons les chefs d'entreprise à la prévoyance, à la retraite et à l'épargne salariale pour eux-mêmes et pour leurs collaborateurs. Il y a un travail considérable sur ce volet, mais en évoquant le bien-être au travail et la fidélisation des salariés, les dirigeants sont réceptifs.
Les compagnies d'assurances plébiscitent les actuaires
L'Institut de Science Financière et d'Assurances diplôme une centaine d'actuaires chaque année. Ces professionnels sont très appréciés dans un environnement de plus en plus réglementé et face à des risques accrus.
Créé en 1930, l'ISFA est le plus ancien organisme universitaire d'actuariat en France et accueille 650 étudiants pour des formations d'actuaires et de risk managers. Dans des métiers très recherchés par les compagnies d'assurances, les diplômés affichent près de 100 % d'insertion professionnelle à la sortie de l'école et un niveau de salaire attractif. « Un actuaire débutant gagne entre 38 000 et 45 000 € annuels », fait savoir Nicolas Leboisne, directeur de l'ISFA – Université Lyon 1. Spécialisé dans l'application des probabilités, des statistiques et de la gestion des risques, l'actuaire travaille à la valorisation de portefeuilles, la tarification, la modélisation des risques, la mesure
de solvabilité... Son rôle s'est encore renforcé avec la mise en place des nouvelles règles prudentielles.
D'autres évolutions amènent également l'ISFA à enrichir son offre de formation. « A la rentrée, nous ouvrions un Master 2 Marketing de l'Assurance pour former des cadres ou des consultants marketing avec une approche numérique de l'assurance », explique Nicolas Leboisne. La digitalisation et l'ubérisation de l'économie entraînent des changements dans la construction et dans la distribution des produits d'assurance. « Pour les produits d'appel, on s'oriente vers une gestion dématérialisée de la relation clients et du suivi des sinistres pour le marché des particuliers. Pour les professionnels, les risques spécifiques nécessiteront toujours un interlocuteur et une offre sur-mesure », analyse le directeur qui constate que des start-ups de l'insurtech apportent de nouvelles réponses et font émerger de nouvelles offres. Nicolas Leboisne souligne aussi l'impact des data dans le secteur de l'assurance. L'accès à des millions de données permet aux assureurs de mieux connaître leurs assurés et de mieux identifier leurs besoins.
L'ISFA est implanté sur le campus de Gerland au sein de la Maison de l'assurance qui abrite également l'Institut des Assurances de Lyon (IAL) – Université Lyon 3 et l'Institut de formation de la profession de l'assurance (Ifpass). « Trois entités de formation, du Bac+2 au Doctorat, sont réunies afin de mettre en avant la place lyonnaise dans les métiers de l'assurance », résume Nicolas Leboisne. Ce ne sont pas loin de 1 000 étudiants qui sont accueillis sur ce site.